Depuis quelques années le terme "Rohmerien" me rend fou. Employé à toutes les sauces, plaqué sur tout et n'importe quoi... Car il ne suffit pas de s'en revendiquer et/ou de lui rendre hommage dans un titre pour "en être".
Mais Hamaguchi, à l'instar d'un Hong Sang-soo ou d'un Kôji Fukada, a lui tout compris de ce qu'était réellement l'essence de Rohmer, que tout passait par les mots et les maux, que le jeu de la vie et de l'amour était le langage du septième art, donc la mise en scène, et inversement, que le trouble comme le reste des sensations passait par le verbe, que le léger n'allait pas sans le regret. Attention on n'est en rien dans le mimétisme, Hamaguchi n'est pas un singe savant ou un ventriloque, il est trop doué et fin pour ça, il ne recrache pas sa leçon, d'ailleurs débutée dès son film de fin d'études, "Passion", il retravaille, enrichit, propose des variations.
Ainsi chez lui le hasard et le destin sont faute de frappe, le regret se niche dans le moindre détail ou geste, la tension érotique passe par la lecture et non pas seulement la littérature, un évènement à la "Black Mirror" débouche sur une ronde sentimentale chaotique, la confusion (et pas seulement des sentiments) permet de réinventer son identité et d'être autre, la boucle de l'escalier mécanique devient boucle cinématographique.
Comme aurait dit quelqu'un, ce Ryusuke a "Le Goût de la beauté"...