Dans les films d’horreur à sketchs, le meilleur côtoie le pire, l’horreur côtoie le rire. Assez étonnamment, celui-ci s’en tire assez bien. Les trois segments qui le compose étant très différents, il faut donc les préciser un par un.
La première partie n’est rien de moins que l’adaptation d’une nouvelle de Stephen King, Les Enfants du maïs. Le film de Frietz Kirsch en 1984 est la plus connue, avec pas moins de 9 suites (!). Mais John Woodward a eu la primeur en 1983.
L’histoire ne diffère guère, pour le début, puisqu’un jeune couple en voiture percute un passant. Arrivés à la ville la plus proche, ils la découvrent abandonnée. Elle est en fait le refuge d’enfants et d’adolescents qui en ont fait un temple pour une obscure divinité meurtrière.
John Woodward arrive bien à restituer le sentiment de désolation de cet endroit avant que n’éclate la folie furieuse du groupe. Sous un soleil brûlant, dans un coin perdu, avec un tel cadre le film rappelle Massacre à la tronçonneuse. Mais l’étrangeté de l’histoire n’a rien à voir avec la folie meurtrière de la famille de Leatherface. L’histoire est simple, mais l’ambiance chaude et dégénérée de ces disciples du maïs est bien rendue.
Dans The Night Waiter, la donne est bien changée. Le cadre est resserré à celui d’un hôtel où un nouvel employé ne sait plus où se situer entre les farces de son employeur et d’étranges événements qui semblent se dérouler dans une chambre. Et le spectateur aussi. Si la fin est assez décevante car trop démonstrative, l’angoisse est assez bien menée au fil de ce court segment. Avec une poignée de décors, mais quelques plans bien menés notamment sur le jeu des ombres et une caméra bien positionnée, le film joue autant sur la claustrophobie que sur un sentiment de malaise. Il pourra rappeler un mélange entre Shining et un épisode des Contes de la crypte, grâce à ses quelques dialogues plus légers.
Après la campagne détraquée et l’hôtel hanté le troisième segment est plus urbain. Dans Killing Time, un dessinateur de BD horrifique est rappelé à l’ordre par son éditeur qui trouve qu’il a perdu de son originalité. Jeune homme un peu perdu et lâche, il délaisse son ami qui prétend qu’il a retrouvé une ancienne amie commune. Après sa mort dans des circonstances étranges, il va se pencher sur le sort de cette amie revenue.
Avec la voix off du personnage principal, son cadre urbain et nocturne, et son jeu de lumières et d’obscurités, le segment de Damian Harris, adaptant une histoire de Dennis Etchison, semble très proche du thriller américain. Le dernier court-métrage se démarque plus pour un certain soin dans sa réalisation, dans ses éclairages ou pour brouiller les pistes entre réalité et fiction, des planches de BD s’intercalant dans le récit. L’histoire n’est pas vraiment intéressante, même si le côté horrifique et sombre de la conclusion est assez bien vu.
Trois histoires, pour autant d'équipes de tournage impliquées, de thèmes utilisés, d’ambiances différentes. Entre le côté brutal et malsain du premier, l’équilibre du deuxième entre angoisse et légèreté et l’atmosphère désespéré du dernier segment, il n’y a pas grand-chose pour les relier. Il faut voir la compilation comme un exercice de variations sur le thème de l’horreur. C’est parfois un peu raté, quelques acteurs ne jouent pas le jeu, mais on termine chaque segment en se demandant ce qui nous attend dans le suivant.