Méfiez vous des contrefaçons
Seulement quatre ans après que l'Islande ait présenté Illegal traffic (Reykjavik-Rotterdam en VO) pour l'oscar du meilleur film étranger, voilà que les Etats-Unis décident d'innover et d'en réaliser un remake. Une pratique décidément courante pour nos voisins d'outre atlantique qui semblent décidément fâchés avec la version originale, et préfèrent copier/coller les bons films étrangers.
En l'occurrence, aux commandes de ce "remake", Baltasar Kormakur est aussi l'acteur principal du film d'origine. Il est aussi un réalisateur chevronné, ayant plusieurs films à son actif, dont l'étrange et glaçant Jar City. Il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter, le produit final ne peut être que réussi n'est ce pas? Encore perdu...
Contrebande souffre en fait de deux gros soucis. Le premier, le plus flagrant dès les premières scènes, est un gros manque de rythme. L'histoire ne décolle pas vraiment, et la réalisation est vraiment trop plate pour lui permettre de prendre de l'ampleur. Kormakur a cherché à innover en lâchant la bride à ses acteurs, truffant les décors de caméra pour laisse le plus de liberté possible. Résultat : pas vraiment de découpage pensé, et cela se ressent visuellement plusieurs scènes manquant cruellement de tension.
A côté de ce problème de mise en scène, se pose celui du scénario. Si on ne rentre jamais vraiment dans le film, c'est aussi parce qu'on a souvent l'impression d'assister à plusieurs séquences indépendantes, dispersées à droite à gauche jusqu'à obtenir un tout plus ou moins cohérent. Au point d'ailleurs que l'on a parfois du mal à discerner les motivations des personnages, et les raisons qui les poussent à agir ainsi.
D'autant que le casting n'est pas forcément à la hauteur. Si Mark Wahlberg, en habitué des films d'action, s'en sort pas mal, si Ben Foster est plutôt crédible, et Kate Beckinsale toujours aussi belle (non, vraiment, c'est la seule chose qu'on lui demande d'être dans ce film), Giovani Ribsi n'est pas crédible une seconde dans son rôle de caïd, Caleb Landry Jones est toujours aussi insupportable. Quant à J.K. Simmons, il reprend son rôle de Spiderman, la casquette de capitaine en plus.
Partant d'un concept plutôt prometteur, Contrebande se vautre finalement, ne parvenant jamais à s'extraire de la masse de films du même genre. Reste à voir ce que vaut l'original.