"So was it when my life began, So is it now I am a man."
Un noir & blanc classe, sobre et apathique qui sait toujours coller à la vie morose et maussade d'une Manchester grise. L'image esthétisante, à l'instar de son héros, se teinte de tristesse, de bile et souvent d'une beauté simple, géométrique, presque enfantine. Le film se déploie avec retenue dans une sorte d'intimité spatiale, collée au plus près de ses protagonistes et de leurs affects. Le groupe, monstre sacré, et son succès ne sont perçus que de l'intérieur.
Biopic oblige, la fin tragique de ce Titanic du rock est connue de tous, l'heure et demi qui la précède égrène ainsi la chronologie fatale et balisée qui l'y mène irréductiblement, comme une sorte de machine à réactions en chaîne, dont le déroulement mécanique des poids et des poulies en est parfaitement contrôlé et d'autant plus dramatique.
Control n'est pas qu'un film de fan pour fans mais bien une fable universelle, un conte désabusé et la mythique singularité Ian Curtis ainsi que la musique torturée de Joy Division ne viennent qu'en renforcer le propos en l'incarnant dans une profonde réalité.