Gotta keep the devil way down in the hole
Un homme à la mine renfrognée joue du saxophone dans son appartement trop bien rangé. Quelques heures plus tôt il était occupé à faire des écoutes sur deux jeunes personnes, et là, tandis qu'il s'époumone sur son saxo à jouer de fabuleux airs de jazz, il sait qu'il va bientôt y avoir un mort.
On retrouve donc un Gene Hackman dans un de ses meilleurs rôles, où il donne une interprétation parfaite d'un génie de la filature, qui n'a pas son pareil pour suivre les conversations des gens à distance. Sombre, peu bavard et soucieux, on va le voir déambuler, se presser et faire tout son possible pour éviter l'irréparable. Le jeu d'acteur du bonhomme va grandissant, impossible de ne pas s'attacher à cet homme piégé par son propre talent.
Il est également bon de savoir que le film est sorti seulement deux ans après le scandale du Watergate. Dès lors, plus personne ne se sentait à l'abri, puisqu'après tout il était si facile d'être mis sur écoute. Coppola joue brillamment de cette opportunité avec son film : à aucun moment le héros, Harry Caul, n'est serein. Il y a aussi cette scène où il parle avec un autre spécialiste de la filature des nouvelles techniques employées, qui ont du hérisser bien des cheveux à l'époque dans les salles de cinéma !
Un mot sur la réalisation : Parfaite. On baigne tout le long du film dans une ambiance froide et méfiante, teintée de mélancolie. Les jeux de couleur avec le noir sont superbes, de même que la mise en scène, grandiloquente. Le tout est bercé de jazz à tout va, conférant au film ce ton à la fois doux et amer, réconfortant et triste.
The Conversation est une pure réussite sur tous les points. Jouant avec les craintes des gens et avec un Gene Hackman absolument formidable, Coppola nous emmène dans une histoire où la tension nous tient par les tripes à chaque instant.