L’introduction du film n’est pas sans rappeler le sujet –en partie inspiré d’une histoire vraie- du roman de Jim Fergus "1000 femmes blanches". Sauf qu’ici (outre que le film soit bien antérieur au roman) ce n’est pas vers des indiens que doivent être convoyées une centaine de femmes à travers les contrées hostiles de l’ouest encore sauvage, mais vers la Californie, où Roy Whitman (John McIntire, impeccable, comme d’habitude) avait presque pensé à tout pour développer sa vallée.
Sauf des femmes pour établir ses rudes travailleurs.


Alors on craint un peu, dans les premières minutes, que le mode de plaisanterie qui nous est servi soit vite lourd ou moralement douteux, puisqu’on évoque les différences de périls entre convoyer des bêtes à cornes ou des célibataires inexpérimentées et forcément volages. Mais très vite, le ton est donné et ce sera, à notre grand soulagement, la thèse inverse qui sera soutenue.


Revue de bétail


Car oui, le macho et dur Buck Wyatt (Robert Taylor, un brin monolithique) sera vite débordé par la force de caractère de ce troupeau de donzelles. Courage, agilité (les tireuses sont redoutables), endurance et abnégation seront nécessaires pour parvenir au but sans que tout ça ne nous soit présenté de manière angélique. Les difficultés sont à la fois nombreuses et de tous types (les trahisons et défections internes pleuvent) et présentées avec beaucoup de justesse grâce au scénario superbe de Frank Capra, à travers un récit assez éloigné de ce qui a fait sa marque de fabrique habituelle (quoique).


Un troupeau de détails


Pour autant, une foule de détails géniaux viennent égayer cette pénible traversée, comme, pour n’en citer qu’un, ce moment ou la mère baisse la tête de son fils pour le protéger, avant qu’il ne fasse le même geste à son tour pour mettre à l’abri son chien.
(Un petit chien d’ailleurs, extraordinaire, je le signale pour les adorateurs du genre).


Pourquoi pas, dés lors, et avec tout ce qui vient d’être écrit, une note plus enthousiaste? Peut-être, simplement, à cause d’une trame un poil trop linéaire à mon goût, qui font des divers périls qu’affronte la troupe, un petit catalogue qui donne au film un rythme parfois un peu indolent.
Mais que ce minuscule bémol n’amène pas de petits nuages dans le ciel limpide de votre envie de partager cette chevauchée. Ça danse, ça crache, ça jure, ça bivouaque, y a de la matrone indomptable, de la mère inconsolable, de la frenchie dévergondée et de jolies cuisses qui prennent le frais dans la rivière. Ça accouche sauvagement en plein désert et ça se fait de mignonnes robes dans des rideaux.


Bref, ce serait presque criminel de rater ça.

guyness

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