Depuis le temps que je voulais le voir celui-ci, je peux vous dire que j’étais contente de tomber dessus. Pour tout avouer, j’avais hâte de voir un western composé de femmes à 90%, sachant que le manque de personnages féminins intéressants est un des points que je reproche au genre (l'autre étant évidemment la redondance du scénario).
Je me suis tout de suite dit « Chic ! Ça va casser du macho ! ». Alors certes, il peut y avoir quelques doutes au début, provoqués notamment par un Robert Taylor en total caricature du cowboy solitaire et brutal, qui considère la gente féminine comme un troupeau de tentatrices, mais le film est bel et bien un hommage sincère à l’abnégation et au courage des femmes pionnières. Donc oui ça casse du macho, enfin un peu.
L’idée de départ est quand même assez moyenâgeuse : transporter 150 femmes vers un ranch en Californie afin de fournir des épouses à des hommes en rut, et les faire escorter, qui plus est, par des mecs eux-mêmes à l’appétit bestial. Mais Wellman ne fait que s’appuyer sur les clichés pour mieux servir son propos (ou bien celui de Capra, d’après ce que j’ai pu lire ?). Car bientôt, ces « good women » vont échanger leurs robes et leurs tricots contre des pantalons crasseux et des fusils. Par contre, tout ça ne veut pas dire qu’on arrête de se laver ou de faire la lessive! C’est assez comique de voir Robert Taylor apprendre au fur et à mesure ce qu’est une femme. Il faut dire qu’il est assez intolérant, heureusement qu’il a un petit acolyte japonais lui rappelant qu’il se comporte comme un goujat*.
Le convoi doit parcourir 3000 kms, du coup on a le temps de découvrir pas mal de personnalités attachantes dans un groupe assez hétérogène. Une veuve costaud et endurcie qui trouve que son promis a une tête de maquereau, une frenchie séductrice de service fredonnant « avec mes sabots dondaine oh oh oh », ou encore une émigrée italienne en deuil sont autant de profils différents qui ne feront plus qu’un devant l’adversité.
Les épreuves et accidents mortels s’accumulent mais jamais elles ne se découragent, à l’image de cette scène en plein désert, où toutes s’associent pour offrir un brin de confort à une pauvrette en train d’accoucher dans un charriot, tout ça sous le regard décontenancé d’un Robert Taylor peu à peu humanisé.
On passe sans cesse du rire à l’effroi, séquences souvent servies par des dialogues de qualité, la grande force de ce film.
Et même si comme je l’ai dit, tout ceci est un speed dating assez primaire, je dois bien avouer que j’ai trouvé la fin particulièrement savoureuse. Tout ça m’a plutôt émue et c’est une raison de plus d’aimer ce film, une belle ode aux femmes et à la vie.
*et je reste polie.