Voilà un western que j’ai abordé avec beaucoup de crainte, redoutant de passer 2h en compagnie de 150 nunuches ! Le topo pouvait faire peur… Mais heureusement, ce n’est pas du tout le cas !
Conquérir l’Ouest c’est une chose, mais comment garder ces territoires conquis si les hommes restent entre eux et s’il n’y a pas de descendance… C’est ainsi que Roy, un puissant propriétaire d’un ranch de la Californie fait venir pour ses hommes 150 femmes prêtes à les épouser !
Pour les rejoindre elles vont traverser toute l’Amérique depuis Chicago. Roy demande à Buck Wyatt de conduire ce convoi. D’abord réticent, très clairement misogyne, il cède finalement face au prix qui lui est offert pour ce travail. Buck et Roy se retrouvent ainsi à Chicago pour faire la sélection des volontaires pour la Californie. Buck regarde défiler les femmes d’un air narquois. Une fois la sélection faite, il prend la parole pour les briefer en leur décrivant les dangers qui les attendent. Il termine son topo par ces mots :
Une femme sur trois mourra avant d’atteindre la vallée en Californie. Donc soyez intelligentes, laissez tomber et prenez la porte. C’est le meilleur conseil que je peux vous donner.
Face à lui 150 visages déterminés, pas une ne bouge et on comprend qu’on va passer un bon moment. Buck est un peu surpris mais s’efforce de le cacher.
Commence alors la traversée de l’Amérique au cours de laquelle on trouve tous les codes du genre : attaque des indiens, passage de gué ; accidents de chariot. La seule différence est qu’il s’agit de femmes. La poignée d’hommes qui les accompagnent leur fait vite défaut et elles se retrouvent seule avec Wyatt et un jeune japonais à continuer la traversée. Rien ne les fera reculer, la détermination farouche ne quittera pas leur visage. Au cours de ce périple elles vivront de véritables tragédies et même un accouchement absolument magnifique ! On ne voit rien de cet accouchement car ce qui est mis en valeur c’est la solidarité féminine qui joue à ce moment-là, toutes faisant corps et vibrant à l’unisson pendant cette mise au monde dans un chariot de fortune au fin fond du désert !
Pour quitter un moment nos héroïnes, un personnage masculin mérite d’être évoqué, celui de Ito, jeune japonais dont tous les hommes se moquent au début du film pour sa petite taille et son apparente simplicité d’esprit. Or, c’est lui qui aide Buck à changer son regard les femmes et c’est lui qui sait lui tenir tête en exprimant des avis contraire au sien.
- Buck : « ne me dis pas que j’ai tort, même si c’est le cas ».
- Ito : « Quand vous avez tort, chef, je vous le dis, même si c’est le cas »
Il le fait sans agressivité, avec douceur mais fermeté.
Grâce à Ito, grâce au courage sans faille de ces femmes, Buck ne peut faire autrement que de revoir son jugement sur le genre féminin !
Enfin, le convoi arrive à son terme. Les femmes demandent à se préparer, elles veulent entrer dignement. C’est l’une des plus belles scènes du film. Habillées de neuf, grâce aux vêtements que les hommes leur ont fait passer, elles arrivent solennellement dans un silence quasi religieux, assises dans leur chariot, fleurs dans les cheveux et pantalon sous leurs robes ! Ces femmes qui arrivent sont belles, elles portent sur leurs visages la beauté du courage. Elles ont traversé la souffrance physique et morale, les épreuves et les tragédies. Les hommes n’ont qu’à bien se tenir, après ce qu’elles ont vécu ce ne sont sûrement pas des femmes bien dociles et soumises qu’ils s’apprêtent à épouser !
Westward the Women est un western original dans le paysage du genre, un de plus de Wellman dont j’avais déjà beaucoup apprécié cet autre western atypique The Ox-Bow Incident. Ses westerns mériteraient d’être davantage connus.