William Wellman était l’un des cinéastes les plus intéressants de l’âge d’or et son Westward the women n’échappe pas à la règle tant le film est intelligent et grandiose malgré un sujet de départ qui pouvait facilement devenir casse-gueule. On a affaire ici à un film au scénario plutôt original où l’on suit un convoi de femmes acheminé vers un bled de pionniers qui n’ont vu ni joli fessier ni nichon pendant de longs mois voire de longues années (cette tristesse absolue…). Et le moins que l’on puisse dire est que l’écriture d’ensemble est vraiment brillante, ce qui permet de nous attacher à cette petite troupe qui quitte le confort de la ville et s’aventure dans ces plaines et montagnes dangereuses et inhospitalières.
On a déjà ces nombreuses femmes avec quelques personnalités bien distinctes qui se détachent. Mais là où on aurait pu avoir le droit à toutes sortes de stéréotypes et autres clichés, c’est tout l’inverse. Parce que ces femmes aux caractères parfois diamétralement opposés sont unies dans un seul but, celui de rejoindre ces hommes et de bâtir une nouvelle vie, et ce malgré les périls. Et ces personnes habituées au confort vont se transformer en véritables combattantes, révélant un courage exemplaire. Et le danger est ressenti parfois de manière tellement intense que l’on retient ce souffle et que l’on admire finalement cette détermination sans failles.
Puis on a ce personnage incarné par Robert Taylor, le meneur du convoi fort, autoritaire et sans pitié. Et son caractère un peu misogyne sur les bords du départ se dissipera pour laisser place non pas à une conviction féministe de pacotille mais à un immense respect pour ce courage sans failles qu’il a vu naître et mis à l’épreuve. Et je dirais que c’est là où le film excelle particulièrement, dans sa représentation des rapports hommes-femmes. Il ne cherche pas à vanter les "mérites" de l’égalitarisme mais plutôt à montrer la complémentarité des hommes et des femmes, de ce qui fait la beauté de nos relations et surtout leur force.
Westward the women est traité de manière vraiment admirable, et cela passe également par la mise en scène qui nous offre quelques instants forts en émotion. Il y a notamment cette sublime scène de l’accouchement et ses plans successifs sur ses visages marqués par l’angoisse de l’attente. Il y a cette longue traversée périlleuse en montagne où la mort guette à chaque instant. Et il y a aussi et surtout cette relation entre Buck et Danon, deux personnages ô combien imparfaits mais qui forment un duo de choc où l’alchimie est intense. A ce titre, la scène finale est tout simplement l’une des plus belles que j’ai pu voir au cinéma. Et dire que je n’étais pas forcément trop emballé en lançant le film, m’attendant « seulement » à un bon film… Comme quoi il n’y a rien de mieux que les excellentes surprises car c’est plus que ça, c’est un grand film. Riche en émotions, intelligent et d’une grande beauté.