Pas de doute, Convoi Exceptionnel est un film de Bertrand Blier avec tout ce que cela comporte :
Une direction d'acteurs exceptionnelle, un casting parfait avec des vrais seconds rôles et des dialogues ciselés tantôt brillants, outranciers, absurdes, vulgaires, provocateurs ... une mise en scène classique avec une Bande originale souvent particulièrement bien sentie.
Comme dans tous les Bliers , on ne s’embarrasse pas de logique , de véracité, de fils conducteurs, de morale , d'histoire et de puritanise.
Si l'on n'est pas au fait de son cinéma, et si on ne l'apprécie pas, on sera bien sur décontenancé , ou horrifié par ce qui est au final un exercice de style, dont seul Bertrand Blier maîtrise les codes.
Cela étant les gorges chaudes échaudées par la singularité de ce cinéma "anar" ne se verront adressé qu'un gros bras d'honneur en réponse à leurs éventuelles critiques.
Cette nouvelle livraison n'atteint bien sur pas les sommets des grands films de sa filmographie ( Buffet froid, Calmos, Combien tu m'aimes, Les valseuses...) mais n'a pas à rougir devant des films comme le Bruit des glaçons, Mon Homme, la femme de mon pote ou trop belle pour toi.
Si Depardieu, continue d’être touchant et offre par instants de belles envolées , c'est surtout Christian Clavier qui est la bonne surprise de ce film , en s'incorporant parfaitement dans l'univers improbable de son auteur avec une vraie maestria. On appréciera aussi les incursions improbables de Guy marchand et d'alexandra Lamy et le personnage d'Audrey dana
C'est ce qu'on retiendra de ce film forcement indigeste et irrévérencieux , qui montre que le réalisateur de 80 ans n'est pas apaisé et que son cinéma ne ressemble à nul autre .
Bien sur il ne tient et n'arrive à être produit aujourd'hui que grâce aux acteurs célèbres qui acceptent de venir s'encanailler à être les porte voix des dialogues épouvantablement brillants et singuliers de l'auteur.
Avoir un Punk comme Blier fait malgré tout du bien à un cinéma français composé en grande partie de comédies formatées et aseptisées, et montre que l'expression cinématographique peut être d'une grande liberté, m^me si on ne la cautionne pas...