Copshop

Un film de genre bien mené, qui s’inscrit dans un cadre déjà testé et approuvé dans Rio Bravo et Assaut sur le central 13 : un lieu clos, des gendarmes, des voleurs, un schéma parfait pour la tension et l’action. Ça suinte un côté pulp 70’s que j’aime beaucoup.

Et si certains pourront justement lui reprocher son côté schématique, je préfère voir ça comme un exercice de style auquel Joe Carnahan se prête avec réussite. Il sait exactement ce qu’il a à faire, mettre en place son lieu et ses persos dans un premier temps, allumer la mèche dans un second et enfin, boucler le film.

En matière d’action, je suis justement très fan des films qui virent tout ce qui est gras, qui prennent une ligne de scénario droite et claire pour ensuite soigner les rebondissements au sein de ce cadre limité. Je ne vais pas parler “d’épure”, mais ce côté hyper-focus, clair sur ses intentions et concentré à bichonner la réponse à une question simple (“Comment vont-ils se tirer de cette situation ?”), a pour moi une certaine élégance. Ce qui est paradoxal pour ces films cracras et énervés. Carpenter est fort là-dedans (Assaut, Escape…), je pense aussi à Walter Hill (The Warriors, The Driver…).

Les persos changent (intentionnellement) de statut au fil de l’intrigue, ce qui fait qu’on ne sait plus à qui se fier et ajoute au fun de l’expérience. Qui est le personnage principal ? Dans quel camp devons nous être ? Celui de la cible meurtrie, de l’héroïne vertueuse, de l’allié ambigu ? Les réponses évoluent au cours du film, puisqu'il change habilement de point de vue au fur et à mesure que les persos changent d’attitude. Mais ils sont tous dotés d’une forte personnalité, ce qui offre une belle galerie et évite qu’ils ne paraissent qu’être des pions dans un jeu de massacre (enfin, après, ils ont tous ces remarques sardoniques et cette air de coolitude, mais il faut accepter ça comme une personnalité).

Sans être tape à l'œil, Carnahan soigne sa mise en scène de quelques effets efficaces qui nous maintiennent engagé dans le déroulé des événements. Que ce soit un jeu de pano pour marquer l’arrivée d’un joueur important ou une carte filmée de manière inattendue afin d’exposer le plan de personnages, il est collé aux petits mouvements de son intrigue et ça lisse sa progression pour le spectateur, qui n’a qu’à se caler dans son fauteuil et se laisser embarquer. Parce que le film sait très bien qu’une tension joliment menée dans un cadre clair et toujours plus agréable qu’une approche explosive et expansive.

S’il est vrai que le film est rempli de choix judicieux et racés en matière de mise en scène, le climax, qui monte en gamme en matière d’action, nous offre malheureusement quelques ralentis pas jojos et un ton plus actionner bourrin auquel j’adhère moins. Et puis je ne suis pas 100 % convaincu par le rebondissement final un peu facile qui nous amène vers l’épilogue.

Je note ici aussi que la photo est bien moins lisse et fade que dans d’autres films de Carnahan et qu’elle se rapproche beaucoup plus d’une ambiance 70’s auquel il aime autrement plus faire référence en mots qu’en image. La musique reste par contre aussi générique.

Bref, les fans de Mise à prix ou Stretch trouveront donc clairement leur compte ici, Carnahan réduisant encore plus son canevas pour un quasi unité de temps/de lieu/d’action dans lequel déployer son style, et c’est assez cool. Après il paraît qu’il s’est un peu fait dépossédé de son film et qu’il n’est pas content du montage final, mais personnellement je trouve qu’il n’y a pas à rougir.