Captivant, ce film nous offre des scènes iconiques, succession de petites réussites qui font la qualité du métrage : la danse sur les toits de Mr. Bobinsky, la superbe satire du père pseudo-jardinier scoliosé sur son ordinateur, la chanson pop rock de l’autre père et sa mise en image éclatante, la métamorphose de l’autre mère en Beldame. L’animation est sans défaut, le tout juste ce qu’il faut d’inconfortable et d’entrainant, en exploitant à plein les potentialités horrifiques du stop motion. On suit un parcours initiatique sans réelle surprise dans le scénario, mais au récit soigné, où le mélange des genres fonctionne : la comptine doucement fredonnée pendant la préparation du déjeuner par une figure aux apparences maternelles est effrayante, les proportions difformes du monstre demeurent dans le registre des peurs enfantines.
On aurait aimé une fin moins rapidement expédiée, alors que certaines scènes trainent un peu en longueur. Wybie a peu d’intérêt, mais Coraline, espiègle et attachante, et le chat, sorti d’Alice au pays des merveilles, sont les personnages les plus intéressants du monde réel. Tout dans l’autre monde, en parallèle, participe à propos à l’ambiance dérangeante du récit.
Malgré ces petits défauts, le film a su gagner les cœurs d’un grand nombre de spectateurs et s’est constitué une petite communauté d’adeptes, sensible aux différentes théories qui entourent cette histoire. C’est aussi ça le cinéma : créer des interrogations, des peurs, ne pas y répondre, nous laisser curieux et intrigués pour longtemps par 90 minutes d’images parlantes.