Salut, salut, cher peuple de Sens Critique.
Ca m'avait manqué, d'écrire des petites critiques. Ayant intégré depuis peu la grande famille de l'Education Nationale, le temps a malheureusement commencé à me manquer pour ça.
Mais laissons aujourd'hui leçons et corrections diverses de côté et remettons donc le pied à l'étrier !
Et pour ça, quoi de mieux que "Coraline", d'Henry Selick ? L'un de mes longs-métrages préférés que je revois toujours avec beaucoup de plaisir.
Mais alors, pourquoi donc ?
Tout d'abord, le stop-motion.
Qu'est-ce que j'aime mais qu'est-ce que j'aime cette technique !
Un travail fabuleux et ô combien complexe pour un rendu inimitable, à mi-chemin entre l'artisanat et la magie, tellement loin de la plupart des dessins-animés sortant maintenant et dont l'imagerie 3D est, je trouve, de plus en plus superficiel et sans âme.
Ce film est un véritable chef d'œuvre sur le plan plastique. Il foisonne de vraies trouvailles esthétiques (je pense notamment
à l'apparence finale de la fausse mère ou
au jardin du Pink Palace idéal) qui n'auraient sans aucun doute pas eu le même charme ou le même impact dans un film fait exclusivement sur ordinateur. Et ça, tout ce travail, toutes ces idées et toute cette originalité, contribuent au fait que j'adhère complètement à cet univers magique et sombre à la fois.
Puis, l'histoire.
L'histoire de "Coraline", à la façon de L'Etrange Noël de M. Jack" ou des "Noces Funèbres", joue sur cette dualité permanente...entre la couleur et le monochrome, l'obscurité et la lumière, la vie rêvée à la fois alléchante car en opposition au quotidien morne et routinier du héros mais recelant tout de même une part importante de mystères, de non-dits et de pièges prêts à l'engloutir tout entier.
C'est cette opposition qui est à mes yeux si attrayante. On se met à la place du personnage. On le comprend volontiers d'ailleurs, grâce à une introduction somme toute efficace qui nous plonge dans le quotidien de la gamine et nous donne envie, comme elle, de nous en évader rapidement. Et quand on nous offre cette possibilité, on se laisse happer par ces couleurs, les plats magnifiques dont on pourrait presque sentir les odeurs, ce papa adorable musicien et créatif et cette gentille maman disponible et douce.
Cet univers, sorte de plante carnivore, se referme à la fois sur nous et sur la petite et nous fait regretter les parents imparfaits, débordés et indifférents du début.
C'est à ça qu'on reconnaît un bon film. Il est capable de provoquer l'empathie et le regret, l'envie et la gourmandise, parfois jusqu'à l'avidité.
Je dois d'ailleurs ajouter que toute la fin du film m'a vraiment angoissée la première fois, surtout le fameux plan rapide allant du puit à la petite porte...brrr... Quelle horreur...
Bref, l'histoire est à l'image de...bah de l'image, si j'ose dire. Sombre et colorée, magique et terrible.
Ensuite, les personnages.
L'héroïne, que certains trouveront sans doute insupportable, a tout de suite fait sa petite place dans mon cœur tout simplement parce que, bah je me reconnais complètement en elle. Totalement chiante, capricieuse, jamais contente, trop curieuse, trop bavarde...Oui, c'est vraiment moi, cette gamine.
Les personnages inoffensifs et chiants comme la pluie du monde "normal", des parents sordides aux voisins louches, sont en opposition parfaite avec leurs doubles attrayants, drôles, ouverts, facétieux et ô combien dangereux (j'adore les deux vieilles voisines d'ailleurs, autant dans un monde que dans l'autre, avec leur spectacle de trapèze incroyable et leurs chiens omniprésents).
Les fantômes des enfants ont aussi un super design
(dans la mort comme dans l'au-delà, dans une scène faite un peu à la manière de Van Gogh).
Enfin, le chat, seul personnage, avec Coraline, à pouvoir circuler sans encombre entre les deux univers, amène avec lui une petite touche de philosophie et de chaleur bien utile dans ce contexte d'un froid glacial. Il est une espèce de source non de mignonerie comme 99% des piticha de dessins-animés mais plutôt d'aide et de conseils, de rassurance et de mises en garde (même à l'attention du spectateur, finalement). J'aime beaucoup ce personnage.
Finalement, pour toutes ces raisons et pour beaucoup d'autres (la sublime BO de Bruno Coulais, pour ne citer que celle-ci - car NON, cette musique n'est pas QUE celle de la pub Nina Ricci - car je ne pouvais pas ne pas la mentionner - et d'ailleurs, si cette BO vous plaît, foncez voir "L'enfant qui voulait être un ours" dont la BO, du même compositeur, est à couper le souffle) ce film est devenu rapidement l'un de mes incontournables que je revisionne avec toujours autant de plaisir au moins une fois par an.
Et évidemment, vive le stop-motion !