Cela fait longtemps maintenant que l'on connait la production romanesque du talentueux et loufoque écrivain finlandais Arto Paasilinna. Un auteur difficile à adapter car ses livres regorgent d'événements invraisemblables contés avec un ton inimitable difficilement transposable au cinéma. Yann Le Quellec s'y attelle dans son premier long-métrage Cornélius, le meunier hurlant et sa principale réussite est d'avoir su créer un climat très personnel à la fois éloigné et proche du romancier. Son film adopte certains codes du western tout un créant un environnement singulier et intemporel qui colle assez bien avec la volonté de réaliser un conte humaniste en faisant fi de tout réalisme. Cela se concrétise dans le choix des costumes et des décors qui ne se rattachent pas à une temporalité définissable. Il y a beaucoup de fantaisie dans cette fable sur la différence où le meunier du village, un étranger suspect, passe ses nuits à hurler au grand dam de la communauté. Son moulin va trop vite, comme dans la chanson, et l'ostracisme ne tard pas à se manifester. Venu du monde du cirque, l'acteur principal fait admirer son élasticité dans des gags très burlesques mais son jeu est plutôt limité, surtout confronté à celui d'Anaïs Demoustier, toujours irréprochable. Narrativement parlant, Cornélius, le meunier hurlant est laborieux et inégal, s'affirmant surtout par des saynètes plus ou moins drolatiques. De belles images mais un manque de liant et de conviction certain.