La fureur dévastratice des fous de führer !

Ce film est aussi sorti en France sous le nom de "Corps d'élite" de Dennis Gansel.
Qui traduit bien mal ce qui se passe dans cette histoire...
Napola ? Les Nationalpolitischen Erziehungsanstalten (officiellement NPEA, désignées également sous l’acronyme Napola pour NAtionalPOlitische LehrAnstalt) étaient des internats de l'enseignement secondaire sous le Troisième Reich. Elles furent 40 à former 15 000 élèves éduqués et endurcis pour constituer l'élite de la race aryenne, et vouée à devenir les plus hauts dirigeants des pays conquis ou à conquérir comme l'Amérique, et futurs responsables du Reich. La moitié d'entre eux sont morts au combat.
Mais que l'on se rassure, il ne s'agit pas d'une énième reconstitution de faits de guerre genre "Week-end à Zuydcoote" ou autre, mais plutôt de l'analyse psychologique fine d'un jeune boxeur au punch redoutable, remarqué et sélectionné par un des instructeurs d'une Napola qui lui propose de développer ses aptitudes physiques au sein d'un école de cadets du nazime (en violation du traité de Versailles comme l'indique wikipédia que l'on aura intérêt à consulter pour en savoir plus sur ces centres de formation)
Contre l'avis de son père, Friedrich va donc intégrer ce centre de formation qui outre une instruction soutenue, va développer chez ses jeunes le sens du travail en équipe, mais aussi un entraînement physique aussi dur que sa discipline. Face aux brimades, certains qui ne suivent pas la cadence, la violence ou les brimades, se suicident : il faut résister, toujours résister et repousser ses limites d'endurance ! Friedrich se lie d'amitié avec Albrecht, le fils d'un haut responsable du nazisme, dont on devine qu'il a été contraint de suivre ces cours par son père car lui rêve de philosophie, de poésie, de beauté. Les extrêmes s'attirent et vous n'en saurez pas plus sur la relation de ces deux recrues car je vous en ai déjà trop dit, contrairement à mon habitude. Ceci pour insister sur le fait qu'il s'agit plus d'un développement psychologique des acteurs de la guerre, et presque sans acte de combats sinon de préparation à des attitudes inhumaines ! Tel le massacre de juifs à la mitraillette avant que n'existent les camps de concentration. Bref un film profondément humain sur l'inhumanité.
Ce récit est, cinématographiquement s'entend, une petite merveille et je suis consterné par le fait qu'il n'ait pas eu un plus grand retentissement et une plus large diffusion : ça pourrait sembler un remède préventif au fascisme et au national -socialisme s'ils venaient à renaître. Le scénario ne semble jamais trop long, bénéficie d'une dynamique soutenue, et les images sont d'une rare beauté même si certaines sont très dures. On ne sombre jamais dans le voyeurisme mais dans l'illustration d'une atroce vérité : comment transformer des êtres humains en robots sanguinaires. Une des morales de cette histoire est d'ailleurs sa fin que bien sûr, je vous laisse découvrir...
Le casting lui aussi est un exemple de ce qu'on peut faire de mieux, avec des acteurs que je ne connaissais du reste pas... Admirable.
Il est encore peut-être en replay sur Arte ce 04.12.2018 mais soyez perspicaces : la plupart des répertoires classe cette oeuvre sous le titre "Napola : Elite fur des führer"
Arte le 03.12.2018