Briser les glaces
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Corps et âme, c’est l’art du contre-pied permanent. Comment imaginer faire naître une histoire d’amour entre deux protagonistes qui évoluent dans un abattoir, où les gestes mécaniques des salariés mettent fin à la vie d’animaux et où le seul lieu de lien social entre eux est une sinistre cantine ? La réalisatrice Ildikó Enyedi réussit ce coup de maître.
Le bien nommé Corps et âme évoque la double rencontre entre le directeur financier de cet abattoir et la nouvelle contrôleuse qualité. Cette dernière est d’une timidité maladive et n’a aucun contact avec ses congénères. Ils ne le savent pas mais se connaissent déjà : la nuit, ils vivent le même rêve, où ils évoluent ensemble sous la forme d’une biche et d’un cerf dans une forêt enneigée. Une fois qu’ils le découvrent, ils s’attelleront à faire vivre cette relation imaginaire dans leur vie réelle.
On oscille donc avec un plaisir véritable entre ce monde fantasmée aux couleurs froides et l’univers bien réel des deux amants : le contraste est prégnant, souvent doux-amer, parfois teinté d’humour noir. Mais tout le temps, Ildikó Enyedi traite ses personnages avec une bienveillance face à leur difficulté profonde de communiquer leurs sentiments et de s’aimer. Surtout, c’est une histoire d’amour moderne où rien n’est blanc ni noir, et où l’absurde comique rencontre les événements plus dramatiques. Corps et âme est inventif, visuellement beau et audacieux. Un vrai moment de cinéma.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Sur l'écran noir de mes nuits blanches... 2017 et C'était bien, 2017
Créée
le 24 oct. 2017
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