Sur le papier, ce film est une série B inoffensive, totalement anecdotique, faisant oeuvre de propagande anti-nazi (nous sommes en 1942). Et c'est le cas, mais Correspondant de guerre mérite qu'on s'y attarde, non seulement car il y a Dana Andrews, mais aussi quelques rebondissements bien venus (et même de la surprise) mais surtout pour quelques détails amusants - souvent involontaires - qui rendent la vision du film plus jouissive qu'il n'y parait.
Il y a là matière à croustillant. Comme la vision des nazis censés torturer un pauvre allemand espion pour l'Angleterre et le faisant torse nu (version body buildé) et le fouet à la main (pour un peu, on se croirait dans un film de pirates). Et de continuer avec un couloir d'hôpital psychiatrique qui n'aurait pas dénaturé chez Dracula. Cette scène est d'ailleurs un must en soi. Un journaliste américain travaillant à Berlin (nous sommes en 1941 et Pearl Harbour n'a pas encore précipité l'Oncle Sam dans la bataille) se fait passer pour un officier allemand (pas de problème de langue, d'accent...de toutes les façons, tout le monde parle anglais) pour libérer le fameux espion. S'ensuit une suite de rebondissements, plus proche de la pantalonnade d'un Lubitsch que d'un film censé dénoncer l'horreur nazi : à ce titre, le directeur de l'hôpital psychiatrique - l'horrible docteur Dietrich - est un vrai personnage comique, interprété d'ailleurs par Sig Ruman connue pour ses rôles d'Allemand chez Lubitsch et Billy Wilder.
Et puis, il y a la vision d'un camp de concentration (plus proche des travaux forcés du sud des USA que de toute autre chose) avec comme menace de coercition suprême, un mur de barbelés de 3m entièrement électrifié (la mort d'un prisonnier qui tente s'échapper nous montre à quel point un tel dispositif peut vous griller un homme !)
Bref, on s'amuse là où l'on devrait frissonner.
Correspondant de guerre s'apparente donc à une BD où le réalisme a été oublié en chemin mais qui s'avère agréable à regarder. Si l'on est pas trop regardant.