Sorti la même année que le Parrain, on ne peut pas nier que Cosa Nostra évolue sur des plate-bandes connues, de même qu'en 1973, sortira Lucky Luciano de Francesco Rosi. Le film souffre évidemment de la comparaison avec le film culte de Coppola ; alors que celui-ci était une réflexion baroque sur la mafia et son évolution interne, et que Lucky Luciano abordait le problème du gangstérisme italo-américain sous un angle politique et historique, Cosa Nostra se présente avant tout comme un film de gangsters traditionnel. Il a quand même le mérite d'être un récit minutieux et réaliste de la vie mafieuse à travers le parcours du gangster Joe Valachi dont les confessions ont permis d'établir le fonctionnement de la mafia, avec ses rituels, ses ramifications, sa puissance occulte et certaines opérations sanglantes.
A défaut d'être le document brûlant sur la mafia de 1913 à 1963, en contenant une dimension historique, politique et sociale, Cosa Nostra explique quelques rouages, et sa vision est parfois celle d'un documentaire contrairement au film de Coppola qui était l'adaptation d'un roman, donc idéalisée. Cependant, tous les grands cadors mafieux sont présents : Vito Genovese, Salvatore Maranzano, Giuseppe Masseria, Albert Anastasia, et même Luciano, dont la plupart sont incarnés par des acteurs italiens dans ce casting international, mais à forte tendance italienne, le film étant une co-production franco-italienne produite par Dino de Laurentiis. D'autres acteurs livrent de bonnes prestations, tels Lino Ventura dans le rôle de Genovese, ou Joseph Wiseman impressionnant dans le rôle de Maranzano, et Charles Bronson incarne Valachi dont les aveux sont inspirés de sa propre histoire, faits rassemblés par un journaliste dans un ouvrage, "le Dossier Valachi" (le titre anglais sera d'ailleurs The Valachi Papers).
La mafia essaya d'interdire la diffusion de ce dossier et d'empêcher le tournage de ce film avec pressions et menaces, à tel point que Dino de Laurentiis dut écourter le tournage en extérieurs à New York pour finir les prises du vues en studio à Rome. Bien que n'ayant pas le même impact que le Parrain, ce film constitue une oeuvre solide, violente, et à la bonne reconstitution d'époque, et ne mérite pas d'être méprisé ou ignoré.

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le 15 mars 2018

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