Cosmopolis par Audric Milesi
Cosmopolis est le genre de film devant lequel on ne passe pas un bon moment. C'est glauque, oppressant, difficile d'accès, bavard... Bref, difficile à digérer à première vue. Pourtant, ce genre de film n'en reste pas moins intéressant, et Cosmopolis possède plusieurs atouts lui permettant de rentrer dans cette catégorie limitée de films qui ont tout pour se faire haïr mais qu'on aime quand même.
Le premier atout vient de la mise en scène made in Cronenberg. Très chirurgicale, millimétrée, jamais de plan à l'épaule ou d'impro, tout est ordonné, pensé et soigné, à l'image du personnage principal qui semble tout contrôler, tout savoir et que cette constante perfection entraîne dans une descente aux enfers infinie. Mais il n'est pas le seul à descendre aux enfers, il semble que son monde descende avec lui, et c'est la marque de fabrique de Cronenberg, faire un constat sur le monde (ici il traite du capitalisme, de l'individualisme, de la lutte des classes) à travers la chute et la transformation de son personnage principal. La transformation est ici métaphorique et psychologique, contrairement à un vidéodrome ou à la mouche dans lesquels le personnage change physiquement et moralement. Néanmoins, Croneneberg évolue avec son temps et propose un film intriguant, très beau visuellement, presque un huis clos parfois tant les possibilités d'échappatoire sont minces. Robert Pattinson est je trouve très convaincant dans son rôle de Golden Boy désabusé auquel on finit par s'attacher (de loin) et les second rôles qui gravitent véritablement autour de lui sont ceux qui lui apportent sa consistance.
Il faudra que je lise des analyses sur le film pour être sûr d'avoir bien tout compris mais je dois avouer avoir été surpris par le film, mois qui m'attendais à ne pas l'aimer. De plus, l'ambiance sonore est bien travaillée et la bande son très bonne.
En clair, un film à voir, en étant préparé à de longs dialogues, parfois vains, mais rattrapés par une ambiance prenante et une réflexion plus qu'intéressante.