En gros, j'ai aimé tout son début et surtout un de ses sujets qui me fascine: revoir des amis du passé, voire des gens qu'on aimait (c'est pas la même chose), mais dont on a hélas perdu tout contact.
Puis le film part petit à petit en quenouille. En fait, assez vite, mais je me mens encore.
Les dialogues du début qui avaient encore la touche Woody Allen, partent vite en sucette sans goût.
Les dialogues semblent se vider de toute tentatives de tournures marquantes.
Les dialogues finissent par donner une impression d'assister à une lecture de scénario.
Et il y a des répétitions dans ces...dialogues.
J'ai enfin vu ce film il y a quelques semaines et je sais que je ferai ricaner quelques uns des rares lecteurs mais je ressens depuis dans une mesure hyper moindre bien sûr, mais un peu de sentiment de ...deuil. Oui oui le mot est hyper fort, j'ai eu ma part de deuils réels, alors je suis bien embêté de re sentir ça, pour ça.
Dans 'Adieu Paris', Édouard Baer disait ça bien mieux que moi et avec plus de légèreté: si on écoute bien, le film abordait beaucoup de sujets dont notamment cette déception provoquée par un être cher en décadence. C'est une scène au bar où un admirateur disait à son artiste préféré:
___ (surtout, s'il vous plait) "Restez. Même si c'est moins bien qu'avant, restez!"..."J'ai pas envie que les choses que j'admirais quand j'étais petit, n'existe plus."
Edouard Baer avait créé ce beau personnage désespéré de voir un artiste qu'il admirait désormais disparaitre à petit feu et s'éloigner de lui. Il le voit devenir une loque humaine...ça lui fend le coeur de voir celui sur lequel il avait écrit tant d'articles élogieux, perdre pied.
Par exemple, dans la scène l'objet de son admiration intellectuelle se passionne désormais dans un coin du restaurant pour ...un vieil hors-série du Parisien, consacré à Jacques Chirac^^.
Et ça lui fendait le coeur que son artiste admiré et favori perde la mémoire, n'arrive pas à finir une anecdote à table. Une belle scène quasi homo-érotique sur une amitié masculine en déliquescence. Mais surtout une scène où j'ai pensé au pincement de coeur que j'ai eu quand des 'gens' que j'admire me déçoivent ou perdent de leur splendeur.
Coup de chance m'a hélas rappelé à la mémoire cette scène du film d'Edouard Baer.
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La moins à l'aise au début m'a semblé Lou de Laâge;
un peu bancale et pas à son aise...
puis on dirait qu'elle les a tous contaminés après.
J'aime tous mes Allen, surtout (et même) ses derniers mais pas celui-là.
Le sous estimé Rifkin's Festival était un très bel hommage au cinéma et surtout aux cinéphiles (notamment de SC; même les maladroits qui n'ont pas une connaissance encyclopédique et ne seraient parfois rien sans l'aide-mémoire d'internet, mais qui aiment sincèrement le cinéma).
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Je sauve quand même du film des effets de montage comme je les aime:
la mort d'un personnage vient d'être décidée, on le sait, le sort en est jeté...et le montage coupe sur ce même personnage plein de projets, plein d'enthousiasme et de joie de vivre, inconscient de que son sort est scellé, alors que le spectateur sait qu'il est ciblé par un contrat...
En autre effet de montage comme je les aime: l'assassinat est laissé hors-champs mais le montage coupe sur la tête coupée d'un tableau de Caravage...
...tête qui ressemble d'ailleurs à l'acteur (je comprends alors mieux les cheveux frisés de ce beau Niels Schneider). Un profil de Romain ressemblant de plus en plus à un membre de la famille de Philippe Léotard...puis un personnage de tableau de Caravage.
J'aime ce personnage d'artiste naïf, ravi de tomber sur un amour de jeunesse, ravi de voir que cet amour vit encore et que ça devient réciproque: le ravi de la crèche devient paquet de viande empaqueté dans une valise
qu'on va suivre comme dans un film de Georges Lautner
En effet de montage, j'ai aimé le plan sur l'homme de main costaud serbe soulevant la grosse valise dans l'avion mais qui ajoute une énorme onomatopée d'effort...il a le culot d'émettre un han! de porteur d'eau,comme dirait Cyrano
Le sous titre m'apprend d'ailleurs que "Dragos" ne serait pas Serbe mais Roumain (sous titre: " il parle en roumain" ^^).
Bref, j'aime et regrette à la fois, que le film soit une resucée ratée du bien plus efficace Crimes et délits.
Mais, oui oui, le plan sur Schneider qui ne sait encore pas ce qui va lui arriver et qui parle avec enthousiasme de ses projets et rêves éveillés ...ALORS qu'on vient de voir embaucher deux gros costauds pour sa condamnation à mort ...oui oui ce montage m'a fait rire.
Ainsi que le tout premier plan sur Darkseid Poulpaud devant son énormissime réseau de petits trains dans son appartement haussmannien ...ça m'a fait rire aussi (les passionnés de trains sont aussi un réseau dans les films...les frères Coen en avaient un).
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Puis je me suis consolé en tombant et aimant entre autre les dialogues de Woody dans 'Tombe les filles et tais-toi!', au bien meilleur titre Anglais, 'Play it again Sam'...déjà, la traduction en Français trahissait Woody.