Un Woody Allen en langue française, c'est difficile de s'y faire, et l'on s'attend à tout moment à ce que les acteurs se mettent à parler en anglais, pour éviter ce qui tend à ressembler à une version doublée. Ce n'est pas que Coup de chance soit désagréable, c'est surtout qu'il est assez anodin, rappelant vaguement le brillant Match Point, mais en bien plus terne, cette fois-ci, avec son intrigue poussive qui ne s'anime qu'en fin de partie, et encore. Ce cru bourgeois, parisien et chic, avec une touche de bohème pour le romantisme, est accompagné d'ingrédients censés mettre l'eau à la bouche : adultère, jalousie et assassinat. Las, de piment il n'y a guère, si ce n'est de la part de l'onctueux Melvil Poupaud, le seul personnage à bénéficier d'un vrai caractère à interpréter. Lou de Laâge, Niels Schneider et Valérie Lemercier n'ont pas cette opportunité et doivent se contenter de dialogues fades qui les obligent à surjouer, à l'occasion. Et que dire du dénouement, surgi de nulle part et bien commode pour boucler cette pantomime de l'amour et du hasard. Bien qu'il y ait de remarquables exceptions, les derniers films des grands cinéastes sont rarement mémorables. Reste à espérer que Woody Allen aura la "chance" de repartir pour une ou deux ultimes danses. A New York, plutôt qu'à Paris, ce serait préférable.