Le film se fait pas mal descendre, mais j'ai trouvé ça super bien, pas loin d'avoir adoré. La petite musique Allenienne est toujours la même, mais il la joue merveilleusement bien, et la transposition à Paris en langue française se fait tout naturellement, et il arrive à sublimer les acteurs qu'il emploie. Le film ressemble à du Mouret en mieux, mieux joué, mieux mis en scène, mieux rythmé, et plus profond. Même la photo de Storaro m'a plu, il joue magnifiquement des contrastes, des ambiances automnales, de jeux de lumière, un travail sur le bleu assez inédit chez lui aussi, et très intéressant. Les acteurs, j'y reviens, sont super, et notamment Lou de Laâge qui était certes une bonne actrice débutante dans ses premiers films, qui ici est sublimée par le metteur, et son jeu devient exceptionnel, capable de rivaliser avec une Romy Schneider par exemple. Lemercier est fabuleuse aussi, et les garçons sont plus dans leur registre habituel, mais s'amusent et ça se voit. Schneider butte sur quelques phrases, mais se reprend en live et ça ne heurte pas trop le récit. Evidemment, ça se passe dans un Paris fantasmé où tout est sublime, dans la grande grande bourgeoisie, où les intérieurs sont sublimes, et les extérieurs automnaux chiadés à la moindre feuille d'arbre, mais c'est ce qui fait le charme des films d'Allen, et puisqu'on l'accepte quand ça se passe à New York, pourquoi ne pas l'accepter à Paris. Le film est d'ailleurs très largement supérieur à son nanar Minuit à Paris, et sa vision de la ville est beaucoup moins cliché et carte postale dans le nouveau film, même si elle reste très luxueuse. Quant à l'intrigue, je ne vais pas vous la dévoiler, mais il poursuit le cycle mis en place avec Crimes & Délits (l'un de ses chefs-d'oeuvre), puis repris ensuite sur Match Point, puis dans le Rêve de Cassandre (et dans d'autre), mais en en inversant le paradigme, car ce n'est ce coup-ci pas la femme qui sera la victime. Donc c'est tout sauf un film de vieux en fin de course, et même s'il y a deux trois scènes ou réactions (dues au scénario essentiellement) qui ne fonctionnent pas trop, elles ne nuisent en rien à l'enthousiasme général que je ressentis durant cette projection. Tellement content de pouvoir encore voir des films d'Allen sortir en salles, et s'il souhaite finir sa carrière en France et en langue française, welcome mate !