L'histoire : « un vieux shérif (Joel McCrea) est chargé de convoyer un chargement d’or ». Pour mener à bien sa mission, il s’adjoint les services d’un ancien compagnon (Randolph Scott), has-been lui aussi (comme les acteurs étaient tous deux des habitués du genre western), lui-même accompagné d’un jeune coq impétueux.
Ce film constitue le début d’une longue liste de classiques que « l’oncle Sam » a réalisé entre 1962 et 1974 (clôturant cette magnifique période avec le sombre et poisseux « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia »). Ce « Coups de feu dans la sierra », dont le titre original est « Ride the high country » inaugure une nouvelle race d’un genre nouveau à l’époque, le western crépusculaire. Une « nouvelle race », car, à la différence d’autres films qui ont « lorgné » sur le genre tel le « Vera Cruz » (1954) de Robert Aldrich, Peckinpah finit son film par une ouverture plus optimiste qu’il n’y paraît, trompant le spectateur en le plongeant dans une drôle d’ambiance psychologique, nostalgique, un peu cafardeux mélangée à une forme moderne de film noir.
Ce film rend compte d’une période révolue (tout comme le genre western était bien révolu à l’époque) pour les deux principaux protagonistes, et de la nostalgie qui en découle. L’intrigue du film sert de prétexte à une analyse des relations humaines entre les deux personnages, dont les desseins ambigus servent moins le western académique que l’idée d’un film noir. Peckinpah invite le spectateur à porter un regard attachant sur l’indéfectible amitié qui unit Steve Judd (McCrea) et Gil Westrum, quand bien même celle-ci est mise à mal par les motivations pécuniaires qui s’immiscent dans leur relation. Nostalgique, le film l’est. Un fond un peu cafardeux, qui avec la réalisation de Peckinpah démystifie le western. Avec ces anti-héros dans ce film, le genre en prenait effectivement un bon coup derrière les oreilles.
Vision quelque peu désenchantée du genre, que l’on peut percevoir à travers l’arrivée du « convoi » des héros dans une espèce de ville brinquebalante, faite de chercheurs d’or, de bandits et de cow boys de tout poil. Ils ne sont pas les bienvenus ; trop vieux, ils appartiennent à un autre temps. Les scènes d’actions, menées par la dextérité du grand Sam, ne sont là que pour servir le scénario. Dans une très belle scène de combat, on peut voir les deux hommes marcher lentement côte à côte pour affronter les balles ennemies, malgré leurs intérêts divergents. Les paysages sont d’une beauté à couper le souffle et représentent peut-être une métaphore des grands héros des westerns, dans l’empreinte sur le cinéma a été des plus marquantes et restera à tout jamais gravée (symboliquement) sur un mont Rushmore digne de ce nom.
Malgré l’issue dramatique, Peckinpah réussi à nous fait croire, à raison, que l’amitié qui unit les deux hommes est plus forte que tout le reste. Une ode à l’amitié, comme c’est le cas dans son plus beau film « Par Garrett & Billy The Kid » (1973).