Un beau western du grand Sam pour la défense ironique, triste et gaie de la solidarité dans l'action

Dans ce beau western, le deuxième au cinema de Peckinpah (le premier est New Mexico, le moins connu) il expose les dernières aventures de deux vieux cow boys, avec deux acteurs parmi les représentants des plus emblématiques du genre. Joel Mc Rea est splendide, alors qu'on l'a connu parfois bien rigide dans ses derniers films, et Randolph Scott est très émouvant, alors qu'il fut souvent monolithique, y compris dans la série de chefs d'oeuvre qu'il tourna avec Budd Boetticher, et qui vient de s'achever. 

On comprend que, en fin de compte, plus que la violence dont on parle souvent pour les films de Peckinpah, c'est plutôt la composante de tristesse, teintée d' ironie, et jusqu'à la mélancolie, qui caractérise ses westerns : c'est ce qui nous imprègne dans leur souvenir, y compris pour les westerns les plus tardifs Major Dundee, The Wild Bunch, ou Pat Garrett and Billy the Kid. Certes, la nostalgie n'est pas ici amertume ou ressentiment, et la lucidité dépressive ne conduit pas au renoncement à l'action ni aux valeurs morales individuelles et sociales, c'est pourquoi ses westerns nous captivent et parfois nous enthousiasment.

Ici, les conflits de loyauté entre vieux, jeunes et malfaiteurs sont traités magnifiquement et le gunfight final, plutôt classique dans les postures (un face à face dans la poussière) est original car il se passe entre d'une part deux "old timers" côte à côte, les héros fatigués mais émérites, contre trois malfrats d'une fratrie malfaisante. Ils ont eu auparavant un affrontement dans la montagne, avec la fratrie complète de cinq (parmi eux, cet acteur superbe que fut Warren Oates). 

Le conflit, né comme un accident de parcours pendant une mission de transport plutôt minable, résulte d'un hasard. Ils doivent assurer la protection d'une jeune femme contre des abuseurs, d'abord avec réticence puis en s'engageant. Les convoyeurs assument ce conflit avec des habitants locaux, de manière transgressive par rapport aux normes de la région, car un mariage a donné à leurs adversaires, toute une famille de mineurs méchants et crasseux, un pouvoir officiel sur l'ingénue. 

En même temps, le film valorise la jeunesse. Plutôt que motivée par la naïveté quand elle se jeta dans la gueule de loup d'un mariage horrible et terrifiant, la jeune femme fuyait un père fermier bigot et abusif. Et dans le groupe des convoyeurs, composé des deux anciens et d'un jeune homme, l'amour induit chez ce dernier, qui semblait être au début un écervelé sans principes, une grande prise de risques puis une conversion  éthique.

Michael-Faure
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le 18 oct. 2024

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