Cow (2021) est une invitation, celle à porter un regard différent sur les vaches, à nous en rapprocher, à les contempler et à tenter de les comprendre en découvrant la réalité de leur vie, sans fard. Car, à bien y réfléchir, que connaissons-nous de la vie d’une vache laitière ? Peu ou pas grand chose, en dehors des images d’Épinal.
La réalisatrice de Fish Tank (2009) s’essaye pour la première fois à la réalisation d’un documentaire et a souhaité lever le voile sur la condition des vaches en milieu agricole en filmant au plus près leur corps exploité, de la naissance jusqu’à leur dernier souffle.
La mise en scène vous immerge dès le premier plan, en effet, la caméra est constamment à hauteur d’animaux (nous ne voyons que très peu les éleveurs dans leur globalité, bien souvent filmé au niveau des jambes, au niveau des vaches). Les plans sont serrés, sans stabilisateurs (il est évident qu’une steadycam n’aurait pas eu sa place dans l’étable, mais un stabilisateur aurait permis d’être moins fatiguant pour les spectateurs à la longue).
La caméra ne fait plus qu’un, elle suit au pas, voire au galop, les vaches qui ruminent, se font traire ou filent à toute allure dans les prés pour se repaître de la bonne herbe fraîche.
Cow (2021) est l’occasion pour nous, citadins, de voir réellement à quoi ressemble la vie de tous les jours de celles qui participent à notre alimentation durant toute notre vie, en suivant l’existence de Luma au sein d’une exploitation laitière. D’ailleurs, le premier plan du film n’est autre qu’un vêlage, s’ensuivra la séance de l’écornage des veaux (avec un ecorneur qui chauffe à 700°C), la traite qui a lieu matin & soir tout au long de l’année puis, vient le jour de la reproduction (par l’éleveur qui va provoquer la rencontre avec un boeuf). Et ainsi de suite, année après après année, elle va donner naissance à un veau, elle s’y attachera et s’en retrouvera séparée.
Sortie au cinéma 8 mois après un autre documentaire sur les vaches (Vedette - 2022), Andrea Arnold parvient avec une vrai aisance à nous tenir en haleine et on finit assez vite par s’attacher à Luma, jusqu’au tout dernier plan du film
(son exécution à l'aide d'un matador, un pistolet d'abattage)
où la stupéfaction et le désarroi nous envahissent et vient nous rappeler que c’est ça aussi, la triste réalité de la vie d’une vache, elles finissent rarement leurs vieux jours dans un prés à ruminer et à contempler le paysage.
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