Cow-boy
6.4
Cow-boy

Film de Delmer Daves (1958)

Le dur métier des garçons vachers

Tout le film de Delmer Daves est résumé dans son titre, simple, direct et qui claque. Il raconte en effet l'apprentissage du métier de cowboy par un employé d'hôtel désireux de changer de vie, Daves nous fait donc partager cette existence rude et astreignante ; à l'image du personnage de Frank Harris incarné par Jack Lemmon, on découvre peu à peu un univers moins idyllique que ce que l'on croyait.
Pour le spectateur européen surtout qui s'imaginait une vie de rêve, exotique et pittoresque forgée par de multiples westerns convoyant des troupeaux (notamment la Rivière Rouge de Hawks), c'est une découverte plutôt âpre rythmée par les nuits à la belle étoile, dans le froid nocturne, sous la pluie battante ou sous la chaleur étouffante de journées éreintantes, avec le chariot-cuisine, les veillées au coin du feu, l'assiette de bacon grillé ou de lard bouilli aux haricots, et l'énorme cafetière qui semble ne jamais désemplir.
Le choix de Jack Lemmon peut surprendre dans un western, plus habitué aux comédies de Billy Wilder à la même époque, mais en fait, il est excellent car il fallait justement un acteur totalement étranger au genre pour donner une vision plus réaliste du gars qui découvre le métier de cowboy. Le film possède ainsi une étrange vérité car Lemmon va se transformer, se durcir, devenir autoritaire et découvrir qu'une vache vaut plus que la vie d'un homme. Cette peinture du milieu décrit est très réaliste, la vie quotidienne des cowboys est montrée parfois de façon cruelle mais juste, c'est un panorama un peu en forme de documentaire qui est un peu désenchanté et où Daves s'attache moins aux scènes d'action qu'à l'aventure humaine.
L'opposition de Lemmon à Glenn Ford, symbole du cowboy endurci et aguerri se traduit d'abord par un antagonisme puis une complicité qui permet à Daves de brosser une histoire tout à fait originale de l'univers westernien. Ford qui dans le western a souvent incarné des personnages plus débonnaires, trouve ici une sorte de contre-emploi en patron dur et sec, peu enclin au dialogue, mais qui s'accorde parfaitement à la dureté du métier de cowboy, qu'il décrit de manière exemplaire dans la scène de la baignoire lorsqu'il essaie de dissuader Lemmon de rejoindre son équipe ; il trouve là encore un de ses meilleurs rôles dans ce western très adulte. Les 2 vedettes sont bien entourées par de bons seconds rôles comme Dick York, Richard Jaeckel, Brian Donlevy (dans un de ses rares rôles non ingrats) et King Donovan...

Ugly
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes le Best of du Western, Les meilleurs westerns et Les meilleurs films avec Glenn Ford

Créée

le 28 mai 2021

Critique lue 309 fois

18 j'aime

6 commentaires

Ugly

Écrit par

Critique lue 309 fois

18
6

D'autres avis sur Cow-boy

Cow-boy
Ugly
7

Le dur métier des garçons vachers

Tout le film de Delmer Daves est résumé dans son titre, simple, direct et qui claque. Il raconte en effet l'apprentissage du métier de cowboy par un employé d'hôtel désireux de changer de vie, Daves...

Par

le 28 mai 2021

18 j'aime

6

Cow-boy
JeanG55
8

Franck Harris, un "thundering liar" ?

"Cow-Boy" est un western de Delmer Daves réalisé en 1958 dont le scénario est adapté d'un roman "Reminiscences as a cow-boy" écrit par un certain Franck Harris. Super, se dit-on, voilà de la matière...

le 13 févr. 2022

10 j'aime

2

Cow-boy
abscondita
7

"Seul un idiot peut aimer cette vie"

Cowboy est basé sur les mémoires de Frank Harris, un jeune réceptionniste qui devient cowboy. Il vient de se faire rejeter en raison de sa condition modeste par la famille aisée d’une jeune fille...

le 16 oct. 2022

7 j'aime

5

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Ugly
10

Le western opéra

Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...

Par

le 6 avr. 2018

123 j'aime

98

Le Bon, la Brute et le Truand
Ugly
10

"Quand on tire, on raconte pas sa vie"

Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...

Par

le 10 juin 2016

98 j'aime

59

Gladiator
Ugly
9

La Rome antique ressuscitée avec brio

On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...

Par

le 5 déc. 2016

96 j'aime

45