"Cow-Boy" est un western de Delmer Daves réalisé en 1958 dont le scénario est adapté d'un roman "Reminiscences as a cow-boy" écrit par un certain Franck Harris. Super, se dit-on, voilà de la matière intéressante, du vrai vécu, "tout ce que vous avez voulu savoir sur le ..." !
Sauf que le dénommé Franck Harris, d'origine galloise, après avoir fait beaucoup de métiers, tente une expérience de cow-boy qui ne dut pas être trop concluante ni longue puisque rapidement il reprit des études à l'université à Chicago pour devenir journaliste (j'ai fait court et me réfère à Wikipedia en langue anglaise). En tant qu'écrivain, il eut une réputation d'autobiographe plutôt mitigée si j'en crois "time magazine" en 1960, 30 ans après sa mort, "Had he not been a thundering liar, Frank Harris would have been a great autobiographer ...
Pour le vécu et l'expérience de cow-boy, sacrebleu, il faudra donc compter plutôt sur le talent du scénariste (Dalton Trumbo) et l'expérience du western de Delmer Daves ...
Et le western se décline sur deux plans :
L'aventure initiatique de Franck Harris au dur métier de cow-boy en partant de rien pour arriver, le temps de faire un aller et retour de Chicago au Mexique, au rang de chef de convoi pur et dur. On y croit tous. A mon avis, d'ailleurs, le choix iconoclaste de Jack Lemmon dans le rôle, c'est peut-être juste pour respecter le bouquin et sa forfanterie. Mais ça reste à vérifier. Piocher dans le bouquin serait peut-être intéressant.
Je ne serais pas loin de penser qu'il pourrait même y avoir du second degré de la part du scénariste et du réalisateur. Là encore, je m'avance peut-être. Mais j'aimerais le croire...
Le deuxième plan du western, de très loin le plus intéressant, est d'une part, la description presque documentaire du métier de cow-boy, d'autre part le portrait du personnage particulièrement soigné et finalement, assez complexe, du vrai cow-boy, Tom Reece, joué par Glenn Ford.
Pour ce qui concerne ce dernier, on peut trouver plusieurs facettes au personnage.
Le tonitruant cow-boy qui arrive à l'hôtel à peine décrotté mais qui, une fois propre va à l'opéra avant de se taper un poker où il va perdre tout ce qu'il a gagné avec le bétail...
Le cow-boy dur à cuire pour qui "une vache a bien plus d'importance qu'un homme" et qui mène durement mais efficacement le troupeau et son équipe.
Mais aussi, on ne s'appelle pas Glenn Ford pour rien, la lueur d'humanité que Tom Reece laisse entrevoir dans son regard. J'ai beaucoup aimé le personnage joué par Glenn Ford dans ce western.
La réalisation, si elle n'a pas la classe de certains autres films de Daves, est quand même de bon niveau. ¨Par exemple, certains plans en contre-plongée avec Glenn Ford sur une hauteur qui inspecte son troupeau ou encore le parc à bestiaux pour charger les trains ou encore l'église dans le coucher de soleil. Sans parler de la photographie de bon niveau. De quoi bien plaire au spectateur.
En guise de conclusion, ce western est bien plaisant à regarder, avec cette opposition flagrante entre la vraie vie dure (Glenn Ford et ses cowboys) et le fantasme du puceau (Jack Lemmon) (même pas foutu d'emballer sa jolie mexicaine, quel homme ...)
C'est un très bon western !!!