Les bons débuts de la fille de Ridley Scott !
Premier long-métrage de Jordan Scott, fille de Ridley Scott, Cracks est un film attachant qui s'impose comme une surprise inattendue, une œuvre qui ne manque pas de qualités, de charme et qui promet de belles choses à venir de la part de cette nouvelle venue dans le monde du cinéma.
Cracks est donc composé d'un casting presque intégralement féminin et l'action se déroule dans un pensionnat assez retiré du monde extérieur. C'est ici qu'enseigne Miss.G professeur de plongée idolâtrée par une bonne douzaine d'élèves. Et même si le film s'annonce presque comme réservé à un public féminin, il ne faut en aucun cas hésiter à tenter l’expérience car cette œuvre-là a la capacité d'aller chercher son public dans les deux camps.
Si l'on reconnait d’ores et déjà un talent à Jordan Scott c'est probablement son sens inné du visuel, sa capacité à créer une ambiance propre, à ne pas se limiter au récit et à sublimer ce dernier par des propos annexes mais néanmoins vitaux à sa réussite. Ainsi le film bénéficie aussi d'une photographie sublime de John Mathieson, un habitué de la famille Scott, et de décors intrigants et beaux par leurs richesses.
La force de ce long-métrage est donc de ne pas se cantonner bêtement à une intrigue et à explorer tout ce qui relève de l'univers et des personnages. La réalisatrice prend son temps pour proposer ce qu'elle veut mettre en place, c'est à dire une ambiance envoûtante et des personnages consistants et elle le réussit à tel point que l'on se détache sans rechigner d'une quelconque intrigue. C'est même avec plaisir qu'on se laisse emmener dans ce qui relève plus d'une tranche de vie inaccomplie mais passionnelle, que d'une histoire basique.
Et la seule trame qui se dessine sous cette profusion de liberté est celle emmenée par Miss G. interprétée par une sublime Eva Green. C'est d'elle que dépendra l'histoire, c'est elle qui fera évoluer les choses dans le sens du récit faisant un contrepoids total aux actions de Fiamma (Maria Valverde). Les deux se complètent donc pour offrir deux angles différents à l'histoire, deux manières d'aborder les choses. Il y en aura même une troisième, apportée par Di Radfield (Juno Temple), complétant un trio d'horizons différents mais aux désirs si proches. Et le plaisir s'en retrouve accentué lorsque l'on se rend compte que les deux actrices tiennent parfaitement la réplique à Eva Green pour former ce triangle essentiel à l'œuvre.
Et si le film pourrait s'apparenter à un autre ce serait sans conteste au Cercle des poètes disparus de Peter Weir, tant par ses notions de découverte du monde adulte, l'accomplissement des désirs que par la présence inhérente du professeur un brin anti-conventionnel. Et s’il y a bien une chose qui détache Cracks du film de Peter Weir c'est que c'est que le film de Scott réussit peut-être par son sens de l'imagerie à proposer une dimension tout autre à son œuvre, l'empêchant ainsi de recourir au pathos pour aller chercher son public.