A l'heure où Hollywood nous propose, en guise de revival de la série B, des attaques de requins vegan ou voyeurs, voir un réalisateur, français en plus, essayer de remettre au goût du jour le film de crocodile a de quoi surprendre et rassurer, tant le contrepied est ici flagrant.
Ainsi, loin de Instinct de Survie ou de En Eaux Troubles, Alexandre Aja s'inscrit plutôt vers un passé en mode DTV, qui n'avait plus guère prospéré depuis le très sympa Solitaire de Greg McLean (2007, déjà !).
Déjà à l'oeuvre sur son cultissime Piranha 3D, le plaisir et la facétie du réalisateur sont ici manifestes. Oui, le scénario est parfois improbable. Oui, certaines ficelles scénaristiques sont grosses comme un tronc d'arbre tombé dans le courant. Mais Crawl a tout de la bande anodine mais jouissive, bénéficiant d'une structure plutôt bien vue en forme de huis-clos relatif. Le tout tenant ses promesses dans la gestion de son suspens et de sa claustrophobie, tout comme dans l'apparition de ses monstres dans le tombeau servant de cadre au metteur en scène.
Ces derniers, imposants, hargneux, vénères, ne se satisferont pas des limites du spectacle imposé du film familial que l'on essaie de manière maladroite, ou cynique, de convertir en fausses bandes affiliées "genre". Ici, le survival est bien tendu, tandis que chaque attaque de prédateur(s) fait bien mal et que le sang se mêle au brun de la boue charriée par l'inondation.
Le tout dans une volonté de ne jamais dévier de sa note d'intention. Le plaisir est évident et immédiat. Le classique est constant. Mais le survival tient très bien la route, agitant les troubles d'une cellule familiale en mode minimal. Sans doute les plus râleurs ne sauraient jamais vraiment s'affranchir des codes pour totalement apprécier la chose. cependant, Crawl est d'une efficacité à toute épreuve, un pur régal de série B aux allures initiales de trip labyrinthique, pour ensuite ouvrir ses horizons en mode échappée nautique furtive.
De telles idées ont aussi le mérite de renouveler le décor de l'aventure, loin du grand large ou encore du fleuve étranger mal famé en bestioles carnassières. Le tout agrémentés de plans d'une incroyable fluidité, puis d'une construction qui ravira l'oeil en certaines occasions. Et constellé par Alexandre Aja de sursauts qui prennent vraiment aux tripes. Il filme ses lézards comme ses jolies femmes à l'issue de Piranha 3D : littéralement sous toutes les coutures, comme s'il en était tombé amoureux.
Ainsi, loin de l'aseptisation du blockbuster ou de la pose hypocrite auteurisante, loin du moyen moins du mirage de la VOD made in Netflix, Crawl s'impose de manière rafraîchissante (facile en ces temps de canicule...) comme un B à l'ancienne carré, énervé et tout simplement irrésistible de maîtrise.
Behind_the_Mask, qui préfère les crocos en sacs ou en bottes, c'est moins dangereux...