Crazy Party m’a amusé, et ce à deux reprises. Il a survécu au deuxième visionnage, étape cruciale pour conquérir mon petit coeur. C’est vrai que je suis trèsfriand de ces comédies des années à 2010, que j’en ai boulotté un paquet, et que ce n'est probablement pas fini.
Yep, j’aime la bêtise franche de ces comédies, de celles que les distributeurs français n’osent le plus souvent pas sortir en salles, inondant les rayonnages DVD avec des jaquettes où les charmes des jeunes filles sont mis en avant (et tant pis si le film en propose peu ou pas), changeant le plus souvent le titre.
Parce que Grandma’s Boy, le titre de la VO, c’est pas sexy, c’est pas vendeur, alors que Crazy Party, ça c’est cool, ça c’est djeunz. S’il y a bien une fête un peu folle dans le film, elle n’occupe qu’une faible partie du film.
Par contre, Alex, c’est bien le fils à sa grand-mère. Il a 35 ans, et il aime faire la fête et s’amuser, c’est même un grand consommateur d’herbe et pas de Provence. Mais ce n’est pas un glandeur, un squatteur de canapé, même s’il a souvent le cul sur une chaise. Alex est testeur de jeu vidéo pour une grande boîte, et un bon. Il distribue les raclées avec le sourire et le petit chambrage à ses collègues plus jeunes que lui qui veulent se mesurer à sa dextérité.
Mais à cause du péché mignon de son colocataire (les prostituées, évidemment), Alex se retrouve mis à la porte. Ses quelques amis peuvent le dépanner, mais rien ne va. Heureusement, mamie Lily est là. Adorable comme tout, elle vit en colocation avec d’autres personnes âgées, la cinglante Grace ou Bea, chargée comme une mule de cachets.
Tout le monde est gentil, tout le monde s’entend bien, même si les habitudes ne sont pas les mêmes entre ces deux générations. Alex a quelques passions que les mémés vont découvrir avec surprise puis s’y rattacher avec gourmandise, tandis que lui devra se conformer aux règles de la maison, tout en donnant un bon coup de main à l’entretien. Cette cohabitation entre deux mondes se fait admirablement bien, sans difficultés, même si quelques surprises amusantes sont à prévoir. La plupart des meilleurs gags se trouveront d’ailleurs là, surtout quand un peu d’humour noir s’y glisse.
Malgré tout peu fier de sa nouvelle situation, Alex va cacher cette colocation à ses amis et collègues, préférant faire croire qu’il vit avec des jeunes femmes délurées. Sa vie professionnelle est très importante pour lui, il s’amuse au travail, même si les mémés ne lui laissent guère le temps de tester ou de se reposer. Il est affecté au débogage d’un jeu vidéo, Eternal Death Slayer 3, conçu par un développeur star mégalomane, J.P. . L’arrivée d’une coordinatrice pour encadrer l’équipe, Samantha, va entraîner une rivalité entre J.P. et Alex, que ce dernier va accepter sans pressions, comme à son habitude.
Grandma’s Boy est d’ailleurs intéressant pour son approche du jeu vidéo, qu’il intègre à son univers sans jugement. La pratique du jeu vidéo n’est pas dévalorisée. Concevoir un soft est du travail, qui demande de l’idée, de l’encadrement mais aussi des petites mains, et ce doit être la première fois que le métier de testeur de jeux vidéo apparaît dans le cinéma. La vision du développement vidéoludique est bien sur simplifiée, tandis que les conditions de travail semblent assez faciles, loin du "crunch" de la vraie vie qui voit toute l’équipe travailler jour et nuit pour peaufiner le jeu avant sa sortie. Et tant pis pour les heures de sommeil.
Mais si aujourd’hui ces conditions de travail sont de plus en plus critiquées, ce n’était pas encore médiatique en 2005. C’est l’époque de la Playstation 2, de la Xbox et de la Nintendo GameCube et de la DS, le jeu vidéo est bien démocratisé, il est populaire. Le film offre un regard bienveillant dessus, Lily s’amuse comme un fou sur un jeu vidéo, tandis que le fait qu’une femme encadre une équipe masculine ne cause aucun problème de sexisme.
Grandma’s Boy ne manque d’ailleurs pas de clins d’œil au média, le générique aux couleurs du vieux Galaga est cool, tandis qu’il y a pas mal de posters ou de produits dérivés d’autres jeux. On peut même y trouver quelques passages des jeux Halo, Guilty Gear et Dance Dance Revolution, un bel échantillon assez hétéroclite. Quand aux extraits de jeux développés par la compagnie (très dans l’air du temps, très bourrins), ils sont de la main d’un véritable studio de développement, Terminal Reality, surtout connu pour ses deux BloodRayne à l’époque (une vampire sexy tueuse de nazis, de la série B au format JV, d'ailleurs adaptée en une trilogie de films).
Pour autant, Grandma’s Boy n’est pas un plaidoyer geek, comme ont pu l’être Scott Pilgrim, SuckerPunch, Pixels ou Ready Player One, mais il est appréciable que ce domaine soit si bien traité. Utiliser un trentenaire de 35 ans comme personnage principal et grand joueur rappelle aussi que le jeu vidéo n’est plus réservé qu’aux plus jeunes.
Pour autant, il ne faudrait pas oublier que Grandma’s Boy ne cherche pas à révolutionner quoi que ce soit, à bien des égards il ne dénote pas dans la production comique américaine de ces années. La marijuana n’est pas un problème, abondamment fumée par les personnages, tandis que quelques plaisanteries grivoises sont de la partie. Il y aura bien un plan nichon, mais qui ne sera utilisé que pour un gag, certes qui ne s’économise pas sur la durée. Et même si cela se chambre, se taquine, l’humour est plus détendu, c’est celui d’une bande de potes ou d’un petit fils qui s’entend bien avec sa grand-mère et ses amies. C’est un humour assez décontracté, sans grandes méchancetés, même envers J.P. qui n’est juste qu’un pauvre type déboussolé.
Le film est une production Happy Madison, et cela se voit. Peter Dante, Rob Schneider, Kevin Nealon, David Spade, Rob Schneider sont des habitués. Le film est le petit bébé d’Allen Covert, à la production et à l’écriture (avec Nick Swardson, autre habitué, qui a aussi un rôle, et Barry Wernick), tandis que c’est lui qui incarne Alex ce trentenaire taquin, jamais vraiment inquiet, toujours prêt à aider. C’est une bande de potes, à l’enthousiasme communicatif, dans laquelle Linda Cardellini se joint tout naturellement.
Mais il faut aussi saluer le trio de grand-mères, toutes épatantes, toutes jouées par des actrices célèbres (au moins aux États-Unis) : Shirley Jones, Doris Roberts et Shirley Knight, qui ont dépoussiéré leur image avec ce film. Un joli trio de cheveux blancs où chacune est différente, avec sa personnalité, qui offriront certains très bons gags.
J’avais accompagné mon premier visionnage de Grandma’s Boy par un petit joint et j’étais dans l’esprit. Pour cette nouvelle tentative, je n’avais qu’un peu de chocolat de Pâques et un verre d’eau (rock’n roll ! ) et j’ai une nouvelle fois passé un bon moment, même si moins remarquable que la première fois.
J’assume. Il y a plein d’éléments qui me plaisent dans ce film : ces grands-mères délurées, le personnage d’Alex, l’image qui est proposée du jeu vidéo mais aussi son ton et son humour, léger et décomplexé, sans prétentions mais sans chercher à en faire le moins possible. Il méritait bien une critique de 7000 caractères.