Pour commencer, je ne suis pas forcément fan des films tournés en plan-séquence. Je sais qu'il y a toute une secte cinéma qui jouit au moindre plan long de plus d'une minute. Je trouve ça souvent sans grand intérêt, restreignant la créativité d'un film (cf. 1917). Je trouve que Birdman est l'un des seuls films en plan-séquence à avoir justifié l'utilisation d'un tel procédé de mise en scène.
Quand j'ai appris qu'il existait un film de sabre avec un plan-séquence d1h17 mettant en scène 1 homme contre 400, j'ai d'abord été consterné, mais cette consternation a fait naitre en moi un sentiment de curiosité. Je voulais détester ce film, je voulais gueuler sur un énième film qui se croit original en faisant du plan-séquence, alors qu'il n'y a rien d'original à laisser une caméra tournée une heure sans coupe. Ce genre de truc se trouve dans le porno, et ce n'est pas pour autant que ce sont des grands films. Oui quand c'est bien fait ça peut aider à créer l'immersion, mais c'est rarement bien fait.
Je trouve que Crazy Samurai Musashi le fait plutôt bien, c'est même assez surprenant. Le caméraman filme Musashi, le personnage principal, se battre contre 400 ennemis pendant plus d'une heure, et on y croit. Le plan séquence est réussi, et le réalisateur n'essaye pas de nous prendre pour des cons en "trichant" (en cachant les coupes). Ici le film parait amateur, mais authentique. Yūji Shimomura ne nous ment pas sur le produit, il nous fait suivre un combat dantesque en plan-séquence et.. c'est tout.. Donc si vous vous attendez à autre chose, passez votre chemin. Le caméraman nous surprend, il nous fait vivre le combat, rend réel chaque coup. C'est vraiment bien filmé, tout le combat est lisible, tous les affrontements paraissent réelles ! Tak Sakaguchi interprète Musashi, et nous sentons sa fatigue (réelle) venir au fur et à mesure que le combat se déroule, ce qui aide à construire de l'authenticité.
Le film peut paraitre répétitif, mais sa technique mettra tout le monde d'accord. Personnellement, je trouve que ce long combat arrive à se renouveler, les lieux et les adversaires ne se ressemblent pas tous. La structure de Crazy Samurai Musashi peut nous faire penser à celle d'un jeu vidéo. En effet, plus le film avance et plus les situations deviennent périlleuses, avec des "boss" avant les moments de repos (checkpoint), et même un boss final. Je trouve ça dommage que le personnage de Musashi ne soit pas plus souvent en danger, tout lui parait si simple, même contre son adversaire final.
Le film n'arrive pas à créer une tension constante, il essaye en utilisant perpétuellement des musiques, mais elles ne rendent pas les situations crédibles. J'ai l'impression d'entendre des musiques libres de droit. Puis même durant le combat final, le dispositif utilisé pour créer l'angoisse c'est un putain d'orage (très mal fait soit dit en passant, tout comme les jets de sang sûrement rajoutés en post-prod, mais bon soit !).
La scène d'intro est vraiment nulle et ne sert à rien. Ces 5 premières minutes essayent de créer une scène d'exposition et un élément perturbateur, juste pour que le combat d'1h17 (qui constitue le cœur du film) puisse démarrer. Je pense qu'elle n'est pas nécessaire, le truc intéressant du film c'est son combat d'1h17, donc ça sert à quoi d'essayer de créer un semblant d'histoire ?
Puis l'ellipse après le combat de fin, à quoi sert-elle ? Annonce-t-elle une suite ?
Enfin bref, malgré plusieurs défauts, j'ai tout de même bien apprécié ce film, il est divertissant et assez bien fait.
Ah oui ! Le titre de cette critique comme vous vous en doutez est putaclic !