Attention, cette critique contient des spoilers, donc prenez du pop corn !
On est reparti sur la suite tant attendue du film Creed. Après un premier volet qui était une sorte de passage de relais entre Rocky au fils de son ancien ami et rival Apollo Creed, on ne savait pas encore au tout début comment allait être Creed II. Par la suite les annonces se sont succédées et on a su ce qu'on allait avoir : le retour d'Ivan Drago et le match entre son fils Viktor et Adonis. Du coup une sorte de rencontre au sommet avec un parfum de revanche personnel dans les 2 cas. Le résultat est un film vraiment plutôt bien fait mais dont il est difficile de voir s'il est meilleur ou moins bon que le précédent. Moi je le trouve mieux en terme d'histoire mais qui reste dans la continuité du précédent en terme de réalisation.
Une réalisation qui reste dans la continuité du précédent avec beaucoup d'intensité.
Le premier Creed avait pris le parti d'essayer de réinventer la saga tout en l'inscrivant dans la continuité de Rocky. Du coup, on avait un film qui lançait Creed dans une nouvelle direction, avec une sorte de passage de relais. Le film était plus télévisuel en terme de style que Rocky Balboa tout en nous faisant ressentir l'intensité du film. Ici le réalisateur n'est pas Ryan Coogler mais Steven Caple Jr. qui possède une réalisation renouant avec l'aspect tragique et personnel des Rocky tout en restant dans la droite lignée du Creed de Coogler. Ce qui fait qu'on n'a pas un film avec une véritable identité mais qui marie les styles des précédents volets. Mais au niveau de l'intensité des combats, c'est là que le film appuie vraiment. En effet, le réalisateur a fait en sorte que les douleurs physiques des boxeurs (en particulier Adonis) soit vraiment ressenti. Et vu l'état de ma salle de cinéma, ça a vraiment bien marché.
Toute la salle était investie dans le film comme elle n'a jamais été. Elle ressentait les coups d'Adonis comme les cassages de côte, ovationnait à sa victoire finale et on applaudit le film
Et ça, à part dans des séances d'avant-première ou avec un public cible (genre Qu'est-ce qu'on a encore fait au bon Dieu ?), c'est rare. Même la musique est vraiment classe. Cela dit, au niveau de la construction, c'est vraiment la trame de Rocky IV, on a une trame quasi - similaire avec des partis pris scénaristiques qui référencent vraiment ce film. Cela reste mieux en terme d'enjeu (on a pas le sous-texte patriotique trop évident), mais on a exactement les références à Rocky IV
Un début avec Adonis qui veut défendre son titre de champion du monde et fait le show comme son père, sa mort symbolique, son entrainement en plein air (on a juste remplacé l'entraînement en Russie par l'entraînement dans le désert américain), le match retour avec la défaite de Viktor
La différence étant que les enjeux principaux les rapports de force et les conséquences sont différents (malgré un enjeu secondaire identique à savoir défendre le titre). Par contre les personnages ont un traitement très différent par rapport au premier film. Le film est aussi bien moins verbeux que le précédent, laissant la mise en scène et les points parler pour les personnages, ce qui est vraiment un plus (bizarre que 0 critiques n'ont relevé ce détail...)
Un film personnel pour les personnages avec un rapport à la descendance.
On retrouve les personnages principaux du premier film. Adonis (Michael B. Jordan) est toujours le même en dépit du fait qu'il est assez maladroit avec sa fiancée Bianca. Il a est devenu le champion du monde mais il doit faire face à sa paternité et au faite que certains remettent en question sa légitimité. Ici, il doit faire face pour la première fois à la défaite personnelle qui va le briser moralement et physiquement (oui je spoile un peu). Du coup, son esprit meurt dans le film et se découvre un talon d’Achille. Bref, on a un croisement avec la trame de Rocky dans le 3 et celui du 4. Du coup, l'intérêt sera de voir comment il va se reconstruire tout au long du film.
Rocky (Sylvester Stallone) est tout aussi classe que dans le précédent et cela c'est classe. Cela se sent que Stallone est retourné à l'écriture du scénario et donc des personnages. Ici il est un vrai sage tout à fait cool et est bien plus Rocky que dans le premier Creed. J'ai retrouvé le Rocky des rues débonnaires avec bien plus de répartie et sa manière bien à lui de communiquer. Il forme aussi une vraie complicité avec Adonis , bien que cette fois, elle mise à l'épreuve, sachant qu'il ne veut pas se sentir responsable d'une défaite cuisante.
Bianca (Tessa Thompson dont je vois de plus en plus de films maintenant, sauf Dear White People, faut vraiment que je vois cette satire) est cette fois un élément de soutien bien plus indispensable pensant à son avenir. Elle est cependant parfaitement consciente qu'elle ne pourra pas freiner Adonis dans son envie de faire de la boxe mais sent tout de même qu'une défaite peu lui échapper. Elle aussi doit faire face à la maternité et du bien être de son enfant, ayant trouvé un bon équilibre avec sa vie maritale et sa carrière. Reste Adonis dont l'avenir entre eux sera difficile. Néanmoins, elle est sa première supportrice.
Mary Anne Creed (Phylicia Rashād) reste la mère aimante bien plus secondaire mais nécessaire au film. Elle est un guide pour son fils et sa bru. Elle connait son fils et son état d'esprit et pose les bonnes questions.
Maintenant, les Dragos.
Ivan Drago (Dolph Lundgren) a une bonne présence. On sent que sa défaite contre Rocky a laissé des traces sachant qu'il a tout perdu, malgré la chute du communisme. On sent qu'il considère son fils plus comme un moyen de retrouver sa gloire que comme un fils. Je trouve que le premier face à face entre Rocky et lui est la partie la plus fun du film. Et c'est dommage que spoiler, c'est le seul. Cependant, son moyen sera sans cesse remise en question tout au long du film jusqu'à la fin.
Viktor Drago (Florian Munteanu) n'est pas un personnage au début mais une fonction à l'histoire. Mais contrairement à l'adversaire de Creed dans le premier film, ici on assiste à la construction d'un personnage. D'abord opposant et voulant venger l'honneur de son père, il aura de plus en plus de doute sur ses motivations et remettra en question du choix de son père.
Et on a le caméo de Brigitte Nielsen en Ludmila Drago. Voilà voilà. Tiens en parlant de caméo on a le retour de Rocky Jr en la personne de Milo Ventimiglia.
Si au niveau des personnages secondaires , on compte les personnages que j'ai décrit précédemment, je trouve que « Little Duke » Evers (Wood Harris) plutôt intéressant dans la mesure que s'il accepte d’entraîner Adonis.
Par contre, très grosse déception pour le personnage de Buddy Marcelle (Russell Hornsby ). C'est le promoteur du combat du film mais je le trouve mal utiliser. C'est vrai qu'en principe, les promoteurs dans la saga Rocky sont anecdotiques et que des fonctions à l'histoire. Sauf que dans ce film, on a l'impression qu'il est traité comme une personnage d'importance avec un vrai background, mais au final non. Il est vraiment mis en avant dans la première partie du film pour qu'on l'oublie très vite.
Ecrire sa propre légende
Le premier film s'attardait sur le fils d'Apollo Creed qui reprend l'héritage de son père afin de se montrer digne de lui. Le second s'attarde sur l'importance de cet héritage. En effet, le combat contre Drago constitue l'échec du père d'Adonis qu'il veut surclasser. Sauf qu'ici on met en lumière sur la nécessité de vouloir venger l'affront. Et c'est de même Ivan Drago. C'est pour ça que je trouve que le renoncement de Rocky à l’entraîner au début que pas mal ont critiqué pas forcément illogique. Il ne veut pas être responsable de la mort d'Adonis car il estime qu'il est déjà sur le toit du monde. D'autant plus qu'il se prépare lui aussi à être père et Rocky lui est déjà grand-père mais n'a pas renoué avec son fils depuis des année. Et c'est pareil du coté des Drago. Viktor malgré sa puissance va finir par remettre en cause les motivations de son père. Mais dans les 2 camps, ils trouveront la réponse sur le ring
Dans le premier match qui se conclue avec la "défaite" d'Adonis (bien que non officielle), Adonis est démoli physiquement et mentalement. Et bien qu'il assiste à la naissance de sa fille Amara, il se sent indigne de reprendre ses gants. Et c'est sa famille qui va l'en sortir ainsi que le soutien de Rocky qui va l'entraîner de nouveau avec Duke. Ce sera une renaissance notamment physique et mental et il pourra compter sur sa famille. De l'autre, Viktor se rendra compte que son père ne voit en lui qu'une machine à gagner qui veut renouer avec sa mère et son rang et non un fils.
Rocky et Drago trouveront aussi une réponse. Rocky retrouvera en Adonis un modèle de courage qu'il lui poussera à renouer avec sa famille et Drago, un fils. Les duels entre les 2 camps iront bien au delà du match entre leurs poulains et plus personnel. Le final sera bien dans les camps. Ils trouveront chacun ce qui importent le plus par delà la victoire.
Le vrai tournant ?
Pour être franc, je pensais que le premier Creed était un vrai passage de témoin entre Rocky et Adonis. Ce film qui même s'il joue un peu sur du fan service constitue un vrai tournant dans la saga. Bien écrit (mieux que le précédent) , il s'agit d'une très bonne suite au premier film qui se trouve dans la bonne continuité mais avec une réalisation qui n'arrive pas à la surclasser. En tout cas, je retiendrai le public de la salle qui limite en redemandait. Habituellement, je me plains du public mais là je l'applaudis.