Creep par Nicolas Montagne
long d'un britannique plutôt habitué aux cours mais au discours acerbe, Creep peut être vu comme un héritier de la nouvelle vague du cinéma fantastique anglais, initiée par 28 jours plus tard. Néanmoins, là où 28 jours plus tard donnait presque exclusivement dans le divertissement efficace, Creep réussit à introduire dans son divertissement efficace une sacrée dose de discours politique, se rapprochant ici de Wes Craven.
Et si le "creep" peut faire penser à certaines créatures du jeu vidéo Silent Hill, il lui emprunte également son ambiance glauquissime, sentant la mort et la souffrance intérieure. De la même manière que dans Silent Hill, tout est métaphorique dans ce film, du métro au monstre en passant par le sexe. Le choix du métro pour l'action est loin d'être anodin puisqu'il est le lieu en dessous de tout,là où sont entassés ceux qui sont exclus de la société. Le monstre, lui est l'image d'expériences menées par des hommes assoifés de pouvoir et de savoir, se réfugiant volontairement dans des lieux reculés pour mener à bien leurs projets malsains. Le monstre est d'ailleurs représentatif de la souffrance qu'engendrent de tels jeux avec le feu, aussi bien par la frayeur qu'il inspire que par ses actes (la scène de torture gynécologique au couteau en est le meilleur exemple) par lesquels il tente de retrouver une identité perdue (ou de s'en créer une).
La résultante de cette confrontation avec une altérité monstrueuse (au sens générique du terme) est l'exclusion de la société, comme le montre la fin: ceux qui ont connu une telle descente aux enfers ne peuvent qu'être différents des autres,et donc en marge de la société. Par ailleurs, il est inutile d'en dire des tonnes sur la mise en scène de Christopher Smith, tant celui-ci réussit d'emblée à séduire le spectateur par la pertinence de ses images par rapport à son propos. Bluffant...