Ce film se compose de deux parties dissymétriques aux tonalités diamétralement opposées.
La comédie dramatique intimiste... ou [Fenêtre Sur Cour (Osawa Kyushi)]
Kurosawa Kyushi est reconnu pour son style lent et son dépouillement dans les cadrages. Il revient à ce qui l'a fait connaître: le gore. Comme dans Cure il est question d'un tueur en séries qui manipule et hypnotise ses victimes. Un couple modèle (lui professeur de criminologie, elle femme au foyer plus qu' irréprochable), est confronté à leur nouveau voisin un peu chelou. En parallèle le mari criminologue enquête sur des meurtres en série ayant eu lieu quelques années auparavant. Et là les ficelles sont quand-même un peu grosses: je pense que vous avez déjà une petite idée du coupable. Ou alors le film est beaucoup plus subtil.
Ne faut-il pas y voir une désapprobation de la trop grande part faite aux faits divers dans les media? Ces faits divers qui finissent par empoisonner toutes les bonnes relations de voisinage. Qui est le plus bizarre en fin de compte? Le voisin à la large bouche qui essaie de communiquer par le biais du Youki, ou le criminologue qui délaisse sa femme pour mener sa propre enquête, alors qu'il n'est même plus policier? Et en toute logique le voisin Nishino et l'épouse Yasuko vont finir par sympathiser. Un film subtil se serait terminé là (et aurait eu droit à tous les éloges). Mais le signe d'une rencontre possible avec l'Autre, le déclassé, le différent, ne nous sera pas offert.
Nishino (Country For Old Men) ou le film d'horreur
Après une heure et demi de sociologie du Japon, avec les rituels délicats des cadeaux offerts aux nouveaux voisins, celui du partage du repas pour créer des liens d'amitié, le basculement sans préavis dans l'horreur la plus glauque, l'apparition du Mal dans ce qu'il a de plus sordide fait l'effet d'une grosse mouche posée sur un sashimi. Et les dernières vingt minutes de surenchère dans l'horreur sont clairement ratées. Hypnose, manipulation, meurtres en série, rien n'est crédible.
Le mélange des genres n'est pas un art facile, sous nos climats et ailleurs.