"Crésus" est une fable sur l'argent, l'argent corrupteur et diviseur, de celui qui n'acquiert de la valeur qu'en diminuant les valeurs morales. Le sujet de Jean Giono prend d'autant plus de relief qu'il se déroule dans le dénuement d'une Provence aride et rocailleuse, la Provence rude de Giono, par opposition à celle, plus chaleureuse ou pittoresque, de Pagnol.
En découvrant un trésor tombé du ciel (au propre comme au figuré), le modeste berger Crésus découvre aussi un autre système de valeurs dont sa simplicité et son existence quasi primitive (en vertu de l'impression voulue par Giono) étaient complètement éloignées. La vie de Crésus en est bouleversée et ne relève plus alors que de questions de chiffres et d'arithmétique financière. Et lorsque les billets de banque s'avèreront
de la fausse monnaie
-y compris dans un sens philosophique- il sera trop tard car la prodigalité et la générosité de Crésus auront perverti ses concitoyens.
L'originalité de la mise en scène, parfois approximative de Giono, tient à l'expression quasi surréaliste du sujet, où l'existence provençale et la richesse semblent antinomiques. Les dialogues, ou monologues, sont souvent savoureux et permettent à Fernandel une bien belle composition.