They call her One-Eye
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Madeleine est devenue muette après avoir été violée pendant son enfance. Un jour, sa route croise celle de Tony, naïve, elle accepte de monter dans sa voiture. Sous ses airs faussement sympathiques se cache un proxénète qui va abuser de la fragilité de la jeune femme pour arriver à ses fins. En la rendant accro à l’héroïne, il va pouvoir la contraindre à se prostituer. Et si Madeleine refuse d’obéir, il y emploiera la force. Avec le temps, Madeleine commence à se forger une carapace et surtout, à fomenter sa vengeance auprès de ceux qui auront abusé d’elle et surtout auprès de Tony qui l’a rendu borgne après avoir refusé un client.
Bo Arne Vibenius réalise ici un sordide "rape and revenge", au scénario machiavélique, teinté d’érotisme, de violence et de nihilisme. On suit pas à pas la lente descente aux enfers de Madeleine, résignée de devoir se faire passer dessus par tous les clients afin de pouvoir se shooter. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid et ça, Madeleine l’a bien compris. Elle prend soin de préparer étape par étape sa quête vengeresse, débutant par un long entraînement au combat, au tir et à la conduite sportive. Sa vengeance sera terrible, aussi virulente que la souffrance qu'elle a enduré durant tout ce temps.
Bo Arne Vibenius détonne par son approche et son traitement. Il y réalise ici un thriller âpre et totalement épuré (une économie de dialogue et pas une seule note de musique en dehors du générique de fin), au rythme lancinant où s’enchaînent de nombreux ralentis (comme pour mieux souligner la violence, l'acharnement et la douleur). Un film à part et étrange, qui ne laisse pas indifférent et avait (à juste titre) crée la polémique à sa sortie (en dehors des quelques scènes pornographiques, on raconte que "la séquence de l’œil crevé" aurait été réalisé sur un vrai cadavre).
Ce thriller suédois méconnu du grand public n’en reste pas moins culte pour une poignée de cinéastes cinéphiles qui s'en sont inspirés, à l'image de Abel Ferrara pour son virulent L'Ange de la vengeance (1981) ou encore Quentin Tarantino pour sa saga des Kill Bill (2003) avec son personnage d'Elle Driver (la borgne interprétée par Daryl Hannah).
Bien évidemment, Crime à froid (1974) ne serait pas ce qu’il est sans son interprète principale, Christina Lindberg (la vingtaine lors du tournage), superbe et impressionnante, un visage poupon qui va se révéler au grand jour et extérioriser sa rage et sa soif de vengeance.
(critique rédigée en 2010, réactualisée en 2021)
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➽ Film vu dans le cadre d’une thématique « Rape and revenge »
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Créée
le 1 avr. 2021
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