They call her One-Eye
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Difficilement visible dans nos contrées il y a encore quelques années (de façon officielle j'entends), le film a toujours alimenté pas mal de fantasmes, souvent à raison, et parfois, on s'en rend compte lors du visionnage, à tort. L'aura énorme du film dans les pays anglo-saxons et au Japon, a rejailli chez nous indirectement par une influence diffuse ou des références directes (l'exemple le plus évident étant... allez je ne citerai pas son nom dans ce texte, ça lui fera des vacances). Au point qu'on ne sait plus très bien qui est à l'origine de quoi : la fameuse saga des Female convict Scorpion, très proche par certains aspects de Thriller, est par exemple antérieure à ce dernier (plus de 4 épisodes sont sortis en salle avant la sortie cinéma du film suédois). De plus le film n'a pas non plus inventé le genre du rape'n'revenge, déjà bien "popularisé" par Wes Craven. En fait, il faut prendre Thriller comme un représentant du genre, sans doute l'un des plus mémorables, mais faisant néanmoins partie d'un ensemble touffu... mais ce serait trop réducteur.
En effet, au-delà des variantes au genre proposées par le scénario (on a davantage l'habitude de voir la victime fuir, ou être laissée pour morte, puis retrouver ses agresseurs, plutôt que de la voir ronger son frein et préparer aussi méthodiquement sa vengeance), Thriller propose aussi autre chose. Ralentis extrêmes lors des scènes de meurtre, bande-son travaillée pour obtenir un rendu angoissant, travail important sur les cadrages, vues subjectives oppressantes, discours face caméra... Vibenius n'est pas avare en essais qui, s'ils amusent parfois par leur naïveté ou le manque de moyens auxquels ils se heurtent, forcent l'admiration : le mec fait clairement un film pour l'argent, sur un sujet putassier, mais veut faire ça bien.
Estompant les frontières entre cinéma d'auteur et cinéma d'exploitation, Thriller évoque autant Ingmar Bergman et sa Source que le western italien ; autant la Nouvelle Vague que le porno velu de son époque. Il est également travaillé dans ses moindres détails : les costumes, les véhicules, les armes... Tout est tellement parfait en termes de design que tout a été repompé dans tous les médias de tous les pays de toutes les époques. Enfin, et surtout, Thriller est un objet filmique maladroit mais impressionnant, poignant, et sublimé par la prestation muette de Christina Lindberg, qui est à elle seule une raison valable de prendre 1h30 de sa vie, de se poser sur son siège, et de retenir son souffle.
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Créée
le 3 oct. 2016
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