La Présidente et la Vice-présidente d'une multinationale entretiennent une relation ambiguë, semblable à de l'amour. Christine (Kristin Scott Thomas) est cependant une dominatrice là où Isabelle (Ludivine Sagnier) est entièrement sous sa domination, avec une admiration pour elle d'ailleurs (l'image, l'un des premiers plan du film est tout à fait évocateur sur la relation dominant dominée. Ludivine Sagnier apparaît plus comme une employée de basse classe que vice-présidente. Kristin Scott Thomas campe parfaitement le personnage d'une femme prédatrice). Elles sont aussi suffisamment bonne copines pour que Christine prête Philippe de temps en temps à Isabelle.
Le film se situe majoritairement dans les décors aseptisés de la Défense et en plus de cela, tous les personnages sont placides, cachés derrière leur bureau sans caractère et leurs costumes sans pli avec un panorama bétonné. Pour une raison que je décide de taire pour ceux qui ne l'auraient pas vu, s'en suit des humiliations assez grave au sein de l'entreprise qui vont mener à un crime... d'amour. Amour, un mot qui semble si étranger à ce milieu. Cela constitue la première partie du film. La critique s'accorde à dire que c'est la meilleure partie. J'aurais tendance à dire que la deuxième, si elle se nourrit de façon nette de la première, est pour moi la plus intéressante.
En effet, tout un stratagème, qui tient autant du personnage avec son entourage que du réalisateur avec son public se met en place dans un plan d'une intelligence, d'une perversité... résultat de ce sentiment fort, d'amour, qui enfoui dans les relations professionnelles, ressort sous une forme détournée, une jalousie sans borne, un honneur a ne pas perdre. Oui, c'est un exercice de style. Personnellement, j'aime. Le film, assez froid, laisse transparaître une tension sourde mais horriblement puissante. Et au final, on réalise à quel point le crime est parfait. J'ai particulièrement apprécié d'être perdu dans la deuxième moitié du film, suspendu aux images pour en découvrir la fin, où les révélations se font petit à petit. Le spectateur reconstitue alors le puzzle et découvre tout le mécanisme de ce crime parfait.
Il faut bien noter que si cette partie est presque parfaite (du moins, je suis suffisamment bon public pour me convaincre qu'elle l'est), la première se montre parfois paresseuse, comme la comparaisons sans aucun génie des deux modes de vie, entre la dominante et la dominée.