Avec Crimes et Délits, Woody Allen explore un genre inhabituel pour lui : croiser comédie et drame policier. Il y reviendra notamment dans Meurtre mystérieux à Manhattan.
Pour cause, il s'agit d'une libre interprétation de Crime et Châtiment (Dostoïevski)
Les 2 prismes utilisés pour analyser l'oeuvre du réalisateur prennent une couleur particulière :
- Woody et les femmes,
- Woody et la psychanalyse.
Woody et les femmes
Elles sont nombreuses à tel point que la présence de Mia Farrow passe au 2nd plan.
Est-ce le signe d'un froid qui s'installe dans le couple ? (le film date de 1989, ils se séparent en 1992).
Surtout le film met en scène les attraits amoureux de birbes plus ou moins parvenus pour des femmes belles et plus jeunes.
Si les hommes sont proches de la sénilité ou de l'arrogance lubrique, les femmes y sont toujours naïves en plus d'être :
- romantique (Mia Farrow éventuellement inspirée d'Emily Dickinson),
- hystérique (Angelica Huston),
- insignifiantes ou au mieux passives (les 2 femmes cocufiées - Claire Bloom et Joanna Gleason - ainsi que la sœur de Woody, Caroline Aaron).
Woody et la psychanalyse
Aucune évocation dans ce film de près ou de moins.
Et pour cause, Dieu demeure seul juge.
Au final, plus que Meurtre mystérieux à Manhattan, le film revêt une tonalité dramatique inhabituelle rythmée et signalée par la musique. Aux instants légers accompagnés de mélodies de type Piano Bar se succèdent les périodes de tension bercées par de déchirants violons.
L'ambiance ou même le jeu de Woody Allen en tant qu'acteur sont donc plus proches de Crime et Châtiment de Dostoïevski que toute autre comédie du réalisateur.
Avec Crimes et Délits,. Woody Allen propose un film ambitieux en terme d'humanisme qui laisse le soin aux personnages de porter eux-mêmes la question au centre de l'histoire : faut-il préférer Dieu à la Vérité ?