Un policier en état d'ivresse renverse un cycliste adolescent. Appelant les secours, il est considéré comme un héros. Mais les doutes d'un jeune inspecteur sur la véritable histoire vont inquiéter l'officier.
Criminel pose la double question de la responsabilité face à un accident de voiture impliquant un policier : celle de l’officier et celle de l'homme. Le titre présente déjà son jugement : le titre français Criminel garde la même sentence que celui australien Felony, nous sommes en présence d’un crime. Le film est assez critique concernant la position intouchable des membres de l'ordre, au-dessus de la loi, mais aussi les « pourris », ceux qui savent, qui couvrent et qui se taisent. Cette espèce est présentée comme étant pire que le coupable, incarnée ici par un vieux capitaine proche de la retraite qui obligera celui qu'il protège à garder le silence :
« La prison, c'est pour les connards impossibles de subir leur châtiment dans leur tête ».
Matthew Saville n'oublie toutefois pas le principal intéressé et interroge le sentiment de culpabilité qui laisse la place à un choix cornélien : dire la vérité, avoir la conscience tranquille, être puni pour son délit, mais abandonner sa famille ou continuer à mentir, vivre sa vie de famille impunément, mais avoir l'esprit torturé pour le restant de ses jours. La pression mentale augmente peu à peu avec la mise dans la confidence de sa femme qui veut lui faire garder le secret, la découverte de la vérité par John Melic jeune inspecteur trop curieux, puis la mort de la victime qui exacerbe le déshonneur de l'homme comme du policier.
L'introduction de la famille de la victime dirige ensuite le film vers un aspect politique qui détourne l'histoire de son intrigue initiale. Enfin, le choix narratif final de laisser Malcolm Toohey, flic intègre mais coupable d'un accident mortel, dans l'angoisse de se faire dénoncer par Jim Melic un jour ou l'autre, constitue en définitive la pire des punitions. Criminel serait néanmoins bien fade sans un très bon trio d'acteurs : les deux espoirs du cinéma australien Jai Courtney et Joel Edgerton (également scénariste et producteur) et le toujours génial Tom Wilkinson.