Crimson Peak, le dernier petit bijoux de Guillermo Del Toro est à la fois un conte gothique et romantique. Il nous replonge dans l'univers aux tableaux sombres du Labyrinthe de Pan et de l'Echine du diable, mettant cette fois en scène des fantômes, qui ne s'avèrent pas être les créatures les plus effrayantes du film.
Suspens et horreur tourmentent les spectateurs dans ce film qui plaira autant aux amateurs de gore que des histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe.


Guillermo Del Toro désigne Crimson Peak comme une histoire d'horreur féminine. En effet, encore une fois, ces personnages féminins sont centraux et parviennent à être à la fois beau et fort.


Mia Wasikowska, que l'on associe trop à son personnage enfantin d'Alice au pays des merveilles, tient plutôt de Jane Eyre, en interpretant Edith Cushing, au caractère loin du stéréotype de la demoiselle en détresse. Même si discrète et désintéressé par les mondanités, la jeune Edith est intelligente et intrépide. Ce qui la domine est sa passion pour les fantômes. Depuis la mort de sa mère, elle est persuadé de leur existence et a été témoins de leur présence.
Hantant désormais sa vie mais aussi ses écrit, elle se destine à écrire des histoires de fantômes "comme métaphore du passé", mais personne ne la prends au sérieux.


Si ce n'est Thomas Sharpe, le beau "baronnet" anglais interprêté par Tom Hiddleston. Fraichement débarqué d'Angletterre, il cherche auprès du père d'Edith, des financements pour construire sa machine à extraire de l'argile (rouge comme le sang) de la terre. Rapidement, le charme (naturelle ou calculé?) s'opère entre les deux jeunes gens. Une menace plane pour ce couple sous les regards inquisiteur du père d'Edith et de la froide soeur de Thomas, Lady Lucille Sharpe. Jessica Chastain interprète avec brio ce personnage cruel de sœur envahissante et jalouse. On comprends vite que c'est elle qui réfléchit et prends les décisions pour son frère, rendant ses actions aussi manipulatrices qu'inquiétantes tout du long.


Edith, loin d'être naïve, se laisse pourtant aveuglé par son amour pour Thomas et accepte de le suivre à Crimson Peak (Crête cramoisie, nom tiré de la couleur rouge laissé par l'argile dans la neige).
Dans cette demeure gothique, ou l'argile dégouline tel du sang à travers les planches du sol rendant ce décors idéal pour raviver les fantômes du passé. Le film reprends les codes du films d'épouvante/horreur avec ces portes qui s’ouvrent toutes seules, ces tuyaux qui grincent et ces ombres mouvantes... Entre musiques angoissantes et apparitions effrayantes de fantomes, la montée de la peur est justement orchestrée. Le spectateur ne relâche sa frayeur que dans les dernières minutes du film avec un combat sanglant.
Une ambiance qui rappelle aussi les classiques d'épouvante noir et blanc (Les Innocents de Jack Clayton), ou plus recent (La Dame en Noir de James Watkins).Ce manoir montrueux ne fait qu'entretenir l'univers inquiétant de Crimson Peak. Mais sans oublier les costumes, bouffants et crepus, qui étouffent les corps des hommes et des femmes, tout en leur donnant les allures de spectres.


L'univers recréé par le réalisateur est proche de celui des films de Tim Burton avec Sleepy Hollow et Sweeney Todd, à la fois surnaturel et sanglant. N'oublions pas la fascination certaine de Guillermo Del Toro pour la chair. On reste dans un film purement gore, animé par les craquements violents des os, les désarticulations bruyantes des membres et les éclaboussures écarlates sur les vêtements et les murs; participant au dégoût provoqué par les crimes monstrueux des personnages.


On remarque aussi un suspens proche des films d'Hitchock tel que Rebecca ou Notorious. Dans notre héroine c'est aussi la femme de Barbe Bleu que ne peux s’empêcher d'explorer les recoins interdits du manoir et qui tombe sur de dangereux secrets.
Nonobstant l'univers déjà effrayant, le plus inquiétant, le plus menaçant reste le personnage de Lady Lucille. Comme antithèse de l’héroïne, toujours vêtue de noir ou de parures sombres, elle est le génie diabolique de l'histoire. Entre froideur et mépris à l’égare d'Edith, chaque conversations entre les deux femmes se transforme en combat silencieux pour les faveur du parfait Thomas.


C'est donc à travers ces deux figures de femmes fortes et combattantes, que le film met à l'honneur la force et l'horreur féminine. Un film de monstres, de fantomes, mais aussi d'amour. Des personnages hantés par leur passé et guidé par leur peur, ou l'amour n'est que sacrifice et le combat se finit en bain sanglant.

CelineLacroix
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le 29 sept. 2015

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LeCiné Calorix

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