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A travers toute sa filmographie, Del Toro à cette capacité, de manière générale, de s’approprier des univers pour y injecter ses propres visions. Ils sont nombreux, allant du comic-book à la science-fiction, passant par le gothique ou le fantastique. Aucune surprise alors vis-à-vis de Crimson Peak, se déroulant dans une maison hantée par des fantômes, qui mettra son héroïne en confrontation directe avec un univers morbide et mystérieux.


Mais il convient de revenir sur un point : nombreux sont les réalisateurs qui rendent perpétuellement hommage au cinéma qui les ont inspirés, se comportant tels de grands enfants qui font de leurs rêves des réalités. Et il n’y a d’ailleurs aucun problème là-dedans, certains faisant cela très bien (Tarantino, De Palma, Jackson). Seulement, il convient de ne pas tomber dans le piège de l’hommage formel, chose que fait continuellement Del Toro. Crimson Peak est – malheureusement – une accumulation de poncifs et de clichés du genre gothique. Entre sexe, mort, psychologie et littérature, obnubilé par la forme de son récit et ses effets de style (les fondus en iris), Del Toro pense rendre hommage quand il ne fait que suivre un cahier des charges, comme tiraillé entre le genre (qu’il se devrait de respecter pour les aficionados) et le divertissement de masse (son film est rodé pour le plus grand nombre). Si Crimson Peak est plus un film romantique qu’effrayant, il convient alors de mieux définir ses personnages plutôt que de s’attacher au décor et sa symbolique. Le réalisateur nous avait pourtant ébloui avec son Pacific Rim, hommage évident aux kaïjus eigas (cinéma de monstres), mais dont la démesure et la symbolique offrait à tous la possibilité d’y trouver son compte. D’autant qu’il s’accompagnait d’une vraie patte d’auteur, profondément personnelle.


Aujourd’hui, il semble se reposer sur ses acquis, les amateurs connaissant ses inspirations, leur servant exactement ce qu’ils attendent. Mais il est probable qu’ils soient tout autant déçus que les autres tant ce réalisateur à l’âme d’enfant semble agir ici en roue libre, dans un fétichisme rétro très actuel mais réalisé de la pire des manières. Recopier le vieux pour en faire du neuf n’est pas forcément la bonne méthode, surtout quand cela n’apporte strictement rien au genre.

Florian_Bodin
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le 22 oct. 2015

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Florian Bodin

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