"C'est le film le plus long et chiant que j'ai jamais vu ! Y'a rien, juste un tic-tac, des cris, des chuchotements..."
Je me suis toujours demandé pendant toutes ces années quel est ce film que toi, curieuse et ouverte d'esprit, n'a pas aimé et n'a jamais voulu revoir. Le seul et unique film que je t'ai entendu mépriser.
Ce titre, je me le suis rappelé depuis toujours pour avoir l'occasion de le regarder un jour.
Peut-être était-ce ton premier Bergman ? Même si tu en avais sûrement entendu parler.
Peut-être était-ce l'affiche qui t'a attirée ? Ces demoiselles en blanc dans un jardin.
Mais cette affiche, elle est aussi belle que le propos du film est violent. La mort qui arrive, l'agonie en guise d'attente, l'automutilation, le mutisme, le non-dit, ce rouge oppressant et omniprésent qui rappelle sans cesse le sang, ces dialogues et ces gestes froids qui remettent en question l'équilibre d'une famille, l'absence... Le tout magnifié par des plans dignes des plus beaux tableaux de Vilhelm Hammershøi.
Tant de thèmes, tant de questions chères à Bergman. Je savais un peu à quoi m'attendre après avoir vu quelques uns de ses films mais je suis à l'aube de mes quarante ans, ça facilite l'approche.
Tu étais une jeune fille qui a vu ce film beaucoup trop tôt et je suis persuadé que grâce à ton esprit d'analyse, tu l'aurais aimé bien plus tard, après les épreuves de la vie.
On ne l'aura jamais vu ensemble mais je viens d'accomplir un devoir que je me suis fixé il y a des années...