Parfois entre deux visions d'une oeuvre de Bergman, on oublie à quel point la mise en scène et la narration peuvent être maîtrisées. Et c'est le cas avec Cris et chuchotements qui n'est pas le plus abordable des films du génial suédois car tout est agonie et cruauté dans cette histoire de soeurs dont une meurt à petit-feux. Le texte est brillant surtout dans la première moitié d'ailleurs (pourquoi ?), comme toujours la prose de Bergman est métaphysique et étudie les travers de l'Humain ainsi que la mort imminente. La réalisation s'appuie sur les décors avec les rouges flamboyants, les costumes blancs immaculés et les couleurs automnales notamment dans l'unique scène extérieur. Mais il y a aussi les gros-plans innombrables sur les visages des formidables actrices qui mettent dans le moindre rictus, dans les regards ou clignements d'oeil une éloquence extraordinaire.