Il aura mis du temps à venir, mais voilà enfin le début de mon cycle Bergman, où j'aurai pour objectif le visionnage dans l'ordre chronologique de toute l'œuvre du maître. Et un des points qui a longtemps repoussé le lancement de ce cycle, c'est la question des revisionnages, car j'en ai déjà vu pas mal, et évidemment, ce n'est pas revoir des films comme Le Septième Sceau, Les Fraises sauvages ou encore Fanny & Alexandre qui m'effrayait, c'était revoir le début de carrière de Bergman, qui peut être... compliqué. Mais bon, je veux quelque chose de bien propre, de bien complet, j'ai décidé de pousser le vice jusqu'au bout.
Me revoilà donc devant Crise, son tout premier film. Je l'avais déjà vu, je ne me souvenais de rien, je m'attendais donc à ce que l'histoire se répète. Sauf que quand je lance le film, je me rend compte que je ne me souviens vraiment de rien, intrigue, personnages, visuels, il n'y a absolument rien qui me parle, au point où je me suis sérieusement demandé si je n'avais pas fait une erreur la dernière fois et si j'avais vu le bon film... Pourtant mon premier visionnage datait de la fin 2020, c'est pas comme s'il était si lointain que ça.
Et puis soudain, après une bonne demi-heure, je reconnais enfin une image du film qui me confirme que je ne suis pas totalement gaga et que c'est bien un revisionnage et pas une découverte surprise. J'utilise souvent le terme "oubliable" pour décrire des films, qui le sont dans l'ensemble, mais il me reste toujours quelques éléments, des images, des idées, le contexte, des sensations, j'ai une assez bonne mémoire pour les films, à défaut d'avoir une mémoire efficace pour des trucs utiles. Mais ici, non, ce film avait totalement disparu de mon esprit, au point où ça en est vraiment fascinant.
Et franchement, ce n'est pas une surprise que j'ai tout oublié de ce film, il n'y a absolument rien à se mettre sous la dent, on peut reconnaître quelques brouillons lointains dans les idées ou les caractérisations de ce que sera le cinéma de Bergman une fois qu'il sera bien rodé, mais c'est d'un ennui monstre, c'est vide, c'est mou, le seul truc que j'ai retenu cette fois-ci, c'est qu'un des personnages est un énorme groomer, mais c'est tout. Et je me suis empressé d'écrire un avis dessus car je ne rigole pas en disant que je suis déjà en train d'oublier ce que je viens de voir, comme si je quittais Derry à la fin de Ça.
Voilà, le film a pour seul fait d'arme d'avoir lancé la carrière d'un des plus grands cinéastes de l'histoire, sur le papier c'est cool, je ne conseille à personne de tenter l'expérience en dehors des masochistes comme moi, et encore moins deux fois.