Quel plaisir ce genre de films d'horreur, vous savez, ceux qui ne prennent pas le spectateur pour un demeuré. Hush fait partie de cette catégorie, trop peu remplie de nos jours, car si certains lui reprocheront sa simplicité, c'est justement ce qui rend le nouveau film de Mike Flanagan si réussi à mes yeux.
Il est courant de dire qu'un réalisateur prend les clichés d'un genre pour mieux jouer avec le spectateur, mais c'est toujours bon de le souligner. Flanagan prend tous les clichés vus et revus de l'horreur pour permettre une tension de tous les instants. Ça passe déjà par l'absence totale de jump scare, procédé qui réussi ou non me les brise sévère, car non, je n'aime pas qu'un truc me saute à la gueule en me brisant les tympans, appelez moi vieux jeu, mais ça me sort totalement du film. Le réalisateur pousse même le vice jusqu'à s'amuser avec le fameux cliché du chat. Sans spoiler, dans le film, l'héroïne a un chat, qu'elle perd avant que les choses sérieuses ne commencent. Ni une ni deux vous vous dîtes sans doute, comme moi avant de finir le visionnage, que le chat va réapparaître à un moment clé et lui sauter à la gueule sans aucune raison, et ben non. C'est ce petit genre de contrepied qui rend le film si appréciable.
Les dix premières minutes sont d'ailleurs un petit bijou de mise en place de l'histoire, d'abord la façon dont on apprend qu'elle est sourde, ensuite qu'elle est muette, qu'on découvre sa vie, ses activités, et enfin l'élément déclencheur de toute cette pagaille, qui est une fois de plus un contrepied à une grosse partie des slashers habituels, ceux où un personnage X se fait buter en hurlant de toutes ses forces pendant qu'un autre personnage Y écoute de la musique à fond en ayant le dos tourné. A force de voir ce genre de scènes à toutes les sauces, elles n'avaient plus autre effet que l'ennui, et pourtant ici, elle m'a fait sacrément froid dans le dos et pose le ton de la meilleure des manières.
Le fait que l'héroïne soit ultra attachante aide aussi à faciliter l'immersion, comme quoi pas la peine de nous balancer une dizaine de clichés sur pattes qui ne sont là que pour augmenter le nombre de victimes. Le nombre de personnages, et donc de victimes potentielles, est réduit au minimum, ce qui marche car d'un côté, on a un tueur (John Gallagher Jr) dont les motivations ne sont jamais expliquées et de l'autre une héroïne (Kate Siegel, femme du réalisateur au passage, comme quoi des fois le piston à du bon) très intelligente, très vive, qui ne passe pas son temps à chialer ou à réaliser des actions qui n'ont aucun sens. Un affrontement haletant et une tension de tous les instants, surtout quand le film se met à jouer avec les différentes possibilités dont dispose l'héroïne.
Soyons clairs, Hush ne révolutionne rien, mais nous prouve qu'il n'est pas nécessaire d'user d'innombrables artifices comme l'abondance de gore ou de jump scares afin de tenter de donner de l'intérêt à une histoire déjà racontée un million de fois, mais qu'avec un budget minuscule, de bonnes idées, des acteurs et un metteur en scène talentueux, raconter l'histoire est le moyen le plus simple pour la rendre intéressante.