On a tous connaissance de Croc Blanc, que ça soit en ayant lu le roman de Jack London paru au début du 20e siècle et toujours un grand classique des bibliothèques ou en ayant vu une des nombreuses adaptations, comme celle produite par Disney en 1991 avec Ethan Hawke dans le role principal (et Basil Poledouris à la musique). Aujourd’hui Croc Blanc revient sur les écrans pour la génération suivante, une jolie production européenne.
Réalisée par le Luxembourgeois Alexandre Espigarès, à qui l’on devait en 2013 le très bon court-métrage Monsieur Hublot (voir ici), cette version de Croc Blanc reprend les grandes lignes du bouquin de Jack London, mais en commençant quand l’animal fait des combats de chiens, après avoir été recueilli et maltraité par l’horrible Beauty Smith. Alors qu’il est sur le point de se faire sauver, on retourne en arrière pour le découvrir bébé avec sa mère dans les forêts d’Alaska.
Techniquement, le film est une jolie réussite. De prime abord, le rendu visuel peut perturber. Mais n’ayant pas le budget d’un Pixar, Espigarès et son directeur artistique Stéphane Gaillard ont fait le choix d’un rendu non pas photoréaliste mais peint. Le choix des couleurs et leur utilisation donne une impression de traits de pinceaux sur des personnages modélisés en 3D, une belle idée qui permet surtout un résultat tout à fait honorable en ce qui concerne les animaux (et on sait qu’il est si difficile de rendre du pelage attrayant). On pense aussi beaucoup à Feast, le court métrage de Patrick Osborne, dans le soin apporté à la lumière. Notez enfin que le casting d’humains (Virginie Efira et Dominique Pinon) en tête ne se sont pas contentés d’une séance de doublage mais ont réellement incarné les personnages en motion capture, chose étonnante dans le monde de l’animation.
Ne vous attendez pas pour autant à un film aussi dur que le roman. Rien n’est mis de coté. Il est bien question de survie, d’apprentissage, de famille. Mais le résultat vise vos plus jeunes enfants d’abord. Tous les moments brutaux de l’histoire, tous les combats, toute l’action, tout est hors champs. La caméra se déplace toujours quand quelque chose d’horrible va se passer au point que l’adulte qui écrit ces lignes s’est senti un peu trop à l’écart par moment, regrettant que le film ne prenne pas plus de risque avec ça. Mais tant pis, nous ne sommes pas le public visé, Croc Blanc version 2018 est destiné à la jeune génération qui ne connait pas l’histoire. C’est en soi bien suffisant.
N’oublions pas de mentionner la très jolie composition de Bruno Coulais pour accompagner le jeune Croc Blanc dans la neige d’Alaska. Ce Croc Blanc destiné à la nouvelle génération est un joli film familial. Idéal pour une rentrée en douceur.