Royaume-Uni, 1649, cent-quarante sept ans avant la France et sous l’impulsion d’un homme nommé Oliver Cromwell, la monarchie va cesser d’exister après que le Roi Charles Ier d’Angleterre a été décapité. Durant 2h15’, de 1640 à 1649 par le biais d’une minutieuse reconstitution historique, le cinéaste britannique Ken Hughes (coréalisateur de «Casino Royal (1967)») va nous narrer les heures sombres, les heures de changements qu’a connu l’Angleterre à travers le portrait d’Oliver Cromwell, militaire et homme politique, figure emblématique du renouveau. Il faudra tout le talent de Richard Harris («Un homme nommé cheval») pour habiter ce personnage ambivalent, héroïque pour certains et despotique pour d’autres. Ken Hughes, dans son récit, joue aussi sur l’ambivalence de Charles Ier d’Angleterre incarné par l’excellent Alec Guinness («Le pont de la rivière Kwai »), mais celle-ci est d’ordre religieux. La religion, pierre angulaire de l’Angleterre protestante, bafouée par un roi marié à Henriette Marie de France, reine catholique et fille d’Henri IV, insupportable pour Cromwell, puritain et protestant de la première heure. Les frontières du royaume sont fragiles, d’un côté, l’Irlande véritable poudrière où l’Angleterre mène une sanglante croisade contre le catholicisme et de l’autre, l’imminence d’une guerre contre l’Ecosse. Ruinée par les réformes et le train de vie de la noblesse, l’Angleterre est exsangue, Charles Ier n’a pas d’autre choix qu’en appeler au parlement qu’il a dissout 12 ans auparavant pour lever des fonds. Mais la condition sine qua non est que le parlement doit demeurer libre de tout mouvement, le roi fera la grave erreur d’y faire entrer l’armée. La guerre civile éclatera et Cromwell la mènera contre la monarchie. «Cromwell» est un magnifique duel au sommet entre deux monstres sacrés du cinéma prêtant leurs traits à deux personnages historiques dont les esprits schizophrènes et tourmentés incarnent à la fois l’absolutisme et la démocratie.