Un film visuellement splendide (il a d'ailleurs été oscarisé pour ses costumes), à la reconstitution soignée, mais contestable sur le fond.
Tout d'abord, Cromwell est présenté dès le début comme un personnage dur et intransigeant, limite fanatique en ce qui concerne la religion. Ce portrait ne sera guère nuancé par la suite, alors que le film se veut à la gloire du personnage, qui finira par faire ce qu'il reprochait à Charles Ier, dissoudre (de force) le Parlement. Le texte de fin en devient même gênant, lorsqu'il proclame que c'est de Cromwell que date la grandeur de l'Angleterre (et la période élizabéthaine, alors ?) et qu'il a jeté les bases de la démocratie moderne dans le pays , alors qu'on vient de le voir dissoudre de force le Parlement et s'autoproclamer Lord Protecteur, avec en plus un discours qui ressemble plus à celui d'un fanatique religieux qu'à celui d'un précurseur de la démocratie moderne. J'aurais plutôt cru que c'était ce parlement, cette base, même s'il n'a rien à voir avec nos parlements actuels (certains remontent même jusqu'à la Magna Carta, texte du XIIème siècle, toujours la base des institutions dans un pays qui n'a pas de Constitution écrite) Et puis, dans un film conçu en 1970, alors que le siècle a vu passer tant de Guides, Conducteurs et autres leaders suprêmes autoproclamés (certains alors encore en activité) ça fait encore plus bizarre.
Le film n'évoque pas, par ailleurs, l'attitude de Cromwell envers l'Irlande, pays où il n'a pas laissé un bon souvenir (euphémisme). Il est vrai que c'est surtout après sa nomination en tant que Lord Protecteur...
Si on oublie ces problèmes de fond, le film se rattrape à moitié sur la forme. C'est assez académique, voire même compassé, et plutôt ennuyeux.
Dommage, car l'idée était intéressante (la période est peu traitée au cinéma) et les acteurs sont bons. A noter dans un second rôle un tout jeune Timothy Dalton.