Carrière très inégale que celle de Mike Hodges, qui a été capable de pondre du bon polar (« Get Carter ») et du bon nanar (« Flash Gordon »). Pour son avant-dernier film, il nous fait suivre Jack, un auteur en mal d’inspiration, qui décide de prendre un emploi de croupier afin d’écrire un roman.
« Croupier » louche du côté du film néo-noir, avec son ambiance nocturne, son héros cynique, une voix off très présente, et un scénario qui a des relent de fatalisme. Toutefois cet exercice est parfois artificiel. Avec une intrigue très posée, qui s’emballe dans la dernière demi-heure pour arriver à une final semi-convaincant.
Notamment, on ne comprendra pas vraiment comment les « cerveaux » ont pu tirer profit d’un casse raté ? Certes, le spectateur est libre d’imaginer une triche profitant de la diversion, mais cela est pour le moins paresseux…
Néanmoins, le film bénéficie d’une mise en scène plutôt élégante, s’attachant à montrer l’univers des casinos, qui oscille entre les paillettes des riches flambeurs, et le misérabilisme des accrocs au jeu et des petites frappes. Mais son gros atout est son protagoniste, incarné par Clive Owen.
L’acteur est très à l’aise dans ce croupier froid, détaché et observateur, qui ne parie jamais et prend un réel plaisir à voir perdre ceux qui le font, qu’il s’agisse des joueurs, des collègues, ou du système. Une prestation classe, qui dans l’apparence fait furieusement penser à du James Bond (costume à nœud papillon, ambiance casino, petite mèche brune qui dépasse, démarche maîtrisée…). On ne s’étonne guère que le grand public murmurera le nom de Clive Owen pour remplacer Pierce Brosnan en 007 quelques années plus tard !